La face nord du coeur – Dolores redondo

 

La trilogie du Baztàn est devenue un véritable phénomène littéraire, plus de deux millions de lecteurs, une trentaine de traductions à travers le monde et une adaptation cinéma. Les critiques sont unanimes et élogieuses.

La face nord du coeur est un préquel à la série, il se déroule avant la trilogie. Il n’est pas indispensable de l’avoir lue pour aborder ce nouveau roman, mais je vous le conseille vivement. Ce serait tellement dommage de passer à côté, cet opus spoile la trilogie et vous y perdriez beaucoup de ne pas suivre l’évolution des personnages. Bonne nouvelle, la trilogie vient d’être rééditée chez Folio (voir photo en bas de chronique).

La face nord du coeur possède un gros supplément d’âme
676 pages ensorcelantes, on les dévore !

Dolores Redondo en quatre mots, l’essentiel pour ceux qui ne la connaissent pas :
ses intrigues complexes, son don pour nous immerger dans des atmosphères inquiétantes et envoûtantes, sa façon d’explorer l’âme et le côté sombre de ses personnages et sa magnifique plume.

« Quand Amaia Salazar avait douze ans, elle se perdit dans la forêt pendant seize heures. On a retrouva à l’aube à trente kilomètres au nord de l’endroit où elle avait quitté le chemin. Evanouie sous une pluie battante, les vêtements noircis et roussis comme ceux d’une sorcière médiévale rescapée d’un bûcher. En revanche, sa peau était blanche, propre et froide comme si elle venait de sortir de la glace. Amaia affirma toujours qu’elle ne se rappelait presque rien de tout cela. »

Nous sommes en août 2005, Amaia Salazar, une jeune sous inspectrice surdouée, participe à un programme d’échange organisé au siège du FBI à Quantico. Amaia est tellement brillante durant les exercices de profils psychologiques de tueurs en série que son instructeur Dupree remarque ses dons exceptionnels et la recrute comme agent temporaire pour les aider à attraper un tueur en série impitoyable surnommé le Compositeur. Il abat des familles entières durant des catastrophes naturelles en respectant toujours le même rituel, ses meurtres passent toujours inaperçus, étant imputés aux catastrophes.
L’ouragan Katrina arrive sur la Nouvelle Orléans, le FBI y fonce, persuadés que le tueur va profiter de la catastrophe pour frapper. La région est dévastée, complètement détruite, suffocante de chaleur et de moiteur avec l’odeur de la mort partout. C’est le désastre total, nous plongeons dans l’horreur, la ville est engloutie par les eaux, nous assistons à des scènes d’apocalypse impressionnantes et terrifiantes. Une tragédie pour les habitants qui ont tout perdu, leur détresse émotionnelle, l’aide qui n’arrive pas. Personne n’a oublié cette catastrophe qui a fait 1833 morts, l’auteure nous la relate de l’intérieur avec force et détails. L’immersion est totale, c’est impressionnant de réalisme !

Une construction parfaite

Trois intrigues complexes s’entrelacent à merveille dans une double temporalité. L’intrigue principale avec la traque du Compositeur par le FBI. Une deuxième intrigue sur Amaia. Nous levons le voile sur son passé et ses secrets, sur ses traumatismes d’enfance liés à sa mère et son père, nous découvrons comment elle a survécu et développé une connaissance fine de l’âme humaine pour devenir une profileuse de génie à l’intuition démesurée et au sens aigu de l’analyse. Et une dernière sur Grand, kidnappeur de filles et l’énigmatique agent Dupree, son douloureux passé et ses secrets, sa relation naissante avec Amaia.

Le mélange est absolument parfait et d’une grande fluidité. Les flashback en Espagne, les va et vient entre présent et passé, les parallèles entre Amaia et Dupree avec leur passé de souffrance se mêlent à la traque haletante du tueur.

Une atmosphère oppressante et envoûtante

Plus qu’une toile de fond ou un décor, la nature est un personnage à part entière dans les romans de Dolores Redondo, la pluie au Baztàn, l’ouragan et la moiteur à la Nouvelle Orléans. Les enquêtes très réalistes se mêlent étroitement au surnaturel, à la magie des atmosphères inquiétantes et mystiques sur les bords. La culture cajun, les croyances ancestrales vaudoues avec Baron Samedi, les mauvais esprits, les zombies, les fantômes qui viennent hanter les vivants… L’auteure fait des parallèles intéressants entre la Nouvelle Orléans et la mythologie basque.

Un récit prenant et fascinant jusqu’à la toute dernière page.

Coup de coeur pour ce remarquable polar ! ♥️

Dolores Redondo parle de son roman en quelques mots :
« Ce roman appartient à la face nord. Tous mes romans sont des incursions dans ce visage sombre, mythique et inaccessible que nous portons tous en nos coeurs. Je suis un explorateur de cette face nord, où il pleut toujours, où il fait toujours froid et où il fait toujours nuit, comme au Baztàn. »

Si vous avez aimé la trilogie du Baztàn, jeter vous sur ce sublime roman.
Si vous n’avez pas encore lu la trilogie, vous savez ce qu’il vous reste à faire.

Je remercie chaleureusement les éditions Gallimard Série Noire pour leur confiance.

4ème Couverture

Amaia Salazar, détachée de la Police forale de Navarre, suit une formation de profiteuse au siège du FBI dans le cadre d’un échange avec Europol. L’intuition singulière et la perspicacité dont elle fait preuve conduisent l’agent Dupree à l’intégrer à son équipe, lancée sur les traces d’un tueur en série recherché pour plusieurs meurtres de familles entières. Alors que l’ouragan Katrina ravage le sud des Etats-Unis, l’étau se resserre autour de celui qu’ils ont surnommé le Compositeur. La Nouvelle-Orléans, dévastée et engloutie par les eaux, est un cadre idéal pour ce tueur insaisissable qui frappe toujours à la faveur de grandes catastrophes naturelles. L’association du réalisme cru de scènes apocalyptiques en Louisiane, de rituels vaudous des bayous et de souvenirs terrifiants de l’enfance basque d’Amaia constitue un mélange ensorcelant et d’une rare puissance romanesque.

Editeur : Gallimard (Coll. Série Noire), 676 pages, date sortie : 28 janvier 2021

10 commentaires sur « La face nord du coeur – Dolores redondo »

  1. Merci pour votre chronique ! J’ai beaucoup apprécié ce roman. Le début m’a rappelé Le silence des agneaux dans la relation entre Amaia et l’agent Dupree qui évoque celle entre Clarice Starling et l’agent Crawford. L’enquête sur le compositeur emporte aussi l’intérêt, d’autant plus quand elle se déroule à La Nouvelle Orléans pendant l’ouragan Katrina. Comme vous, j’ai trouvé que le choix de cet environnement apocalyptique ajoute beaucoup de tension dans la narration, tout comme les intrigues secondaires teintées de fantastiques avec des références au Vaudou et à la sorcellerie du pays Basque. Bref, je recommande !

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