« Le chaos dans nos veines » sème le chaos dans nos neurones

Le titre peut sembler énigmatique de prime abord, mais il est magnifiquement choisi, en résonance totale avec une des thématiques du roman, l’hérédité et la naissance du Mal.

Le cadavre d’une femme est découvert en pleine nuit sur un canapé dans une maison abandonnée de Dordogne. La scène macabre évoque un suicide. Mais tout va se compliquer quand les restes d’un autre corps en décomposition sont retrouvés à la cave, flottant dans une cuve d’acide. La morte est Céline Arbin, une ex capitaine de la PJ de Bordeaux, hantée par d’anciennes affaires non résolues. Mais à qui appartiennent les restes dans la cuve ?

Exit la thèse du suicide, bonjour l’enquête complexe ! Mauvaise nouvelle pour le capitaine Brisseau qui pensait clôturer l’affaire vite fait bien fait pour se préparer à sa mutation imminente. Il aura besoin de toute l’énergie de sa jeune assistante, la lieutenant Decointet, pour mener cette difficile enquête jusqu’au bout.

En se penchant sur le passé de Céline Arbin, ils sont loin d’imaginer à quel point ses deux affaires non résolues sont enracinées profondément dans le passé, avec un réseau de racines à la surface du présent. Nos deux enquêteurs vont se retrouver englués dans une gigantesque toile d’araignée et c’est avec beaucoup d’intelligence, de ténacité et de finesse qu’ils dénoueront les fils de ce piège pour permettre à la terrible vérité d’émerger à la lumière.

N’oubliez jamais que n’importe qui peut se rendre coupable du pire….

Cette enquête se révèle dense, complexe et hautement passionnante grâce à la construction menée de main de maître. Impressionnant ! Cécile Cabanac entrelace les différentes époques. Passé et présent sont reliés et se font écho dans cette intrigue jouant à merveille avec plusieurs temporalités. Rassurez-vous, on ne se perd jamais dans le labyrinthe, il faut juste être attentif aux détails. Tout est carré, millimétré et finement ciselé, c’est du grand art comme de l’orfèvrerie de haut niveau. Des investigations aussi précises et travaillées font le bonheur de tout amateur de roman policier, plaisir fou de les suivre !

Les deux enquêteurs avancent pas à pas entre les nombreuses questions et mensonges, tout en se concentrant minutieusement sur les nombreux détails. On s’attache assez vite à ce duo. Tout commence mal entre eux, ils sont sous tension et se tirent dans les pattes mais au fil de l’enquête, ils se rapprochent, unis par une réelle complicité. Rémy Brisseau, le vieux briscard fatigué du métier, empêtré dans ses problèmes de couple et sa coéquipière, Marianne Decointet, jeune et ambitieuse, elle ne rêve que d’une chose, gravir les échelons au plus vite. Face à eux, une impressionnante galerie de personnages. Pour n’en citer que quelques uns : Céline Arbin, l’ex capitaine qui plaçait le sens de la justice au dessus de tout. Les Gantz, père et fils, avocats pénalistes à la réputation très sulfureuse, ils défendent les cas les plus pourris pour la médiatisation.

Une ambiance sombre et pesante, particulièrement bien travaillée, pour cette histoire fouillée qui nous plonge au coeur de la noirceur et du mal. Quand le voile se lève sur la monstruosité de l’âme humaine, attendez-vous à être drôlement secoués.

Fausses pistes et rebondissements rythment cette enquête pleine de suspense et nous tiennent en haleine jusqu’au terrible final.

Glaçant !

L’auteure a trouvé le juste équilibre, l’alchimie est parfaite entre la complexité de l’enquête, l’ambiance du récit et la profondeur des personnages. Un sans-faute !

Je remercie chaleureusement les éditions Fleuve pour leur confiance.