J’ai découvert Chrystel Duchamp l’an dernier, c’était avec Délivre-nous du mal. Un gros coup de coeur pour ce polar d’une folle originalité, j’ai immédiatement gravé le nom de l’auteure dans mes tablettes.  J’avais beaucoup d’attentes en ouvrant L’île des souvenirs.

Delphine, jeune fille d’une bonne famille catholique, profite de sa vie d’étudiante à Lyon pour s’éclater, sortir, boire, explorer sa sexualité. Après une soirée trop arrosée, elle se fait enlever en sortant de boîte de nuit. Elle se réveille menottée dans une maison isolée. Elle est bientôt rejointe par une autre prisonnière, une jeune fille qu’elle connaît fort bien, c’est Maelys. Vont-elles réussir à s’échapper ?

Le capitaine Romain Mandier est chargé de cette enquête complexe, il nage en plein brouillard, sous pression, quand un profiler imbu de lui-même vient lui proposer son aide.

La première chose qui saute aux yeux, l’auteure ne choisit pas la facilité, elle se renouvelle et c’est tout à son honneur. Elle a beaucoup d’imagination, prend des risques pour déstabiliser ses lecteurs et ose le pari de la surprise avec une histoire à la construction fort originale.

Six personnages peuplent ce roman choral, Delphine, Maelys, Romain l’enquêteur, Erwann le profiler, Jessica la psychotraumatologue et Gabriel le médecin légiste. Tour à tour, au fil des chapitres, ils prennent la parole et donnent leur point de vue pour éclairer cette affaire sous un angle différent. Un invité surprise s’invite à la toute fin, c’est l’écureuil.

Chrystel Duchamp explore plusieurs thématiques fort intéressantes : le stress post traumatique, le fil de la mémoire, l’amnésie dissociative et les souvenirs confus.  L’accent est clairement mis sur la psychologie et les théories psychanalytiques, les amateurs de Freud vont aimer. L’auteure a effectué un colossal travail de documentation pour crédibiliser ses propos et cela se ressent.

Tous les ingrédients sont réunis pour m’embarquer dans cette histoire bien tordue pleine de rebondissements. La première moitié qui donne la parole à Delphine, Maelys et Romain  intrigue et questionne beaucoup. Les choses se gâtent dès l’entrée en scène du profiler Erwan, ses analyses et points de vue sociétaux me donnent envie de hurler. Dans la deuxième partie, j’ai eu beaucoup de mal à m’immerger dans ce récit trop froid. Les descriptions cliniques, l’étalage d’informations psy plaira à certains lecteurs, heureux d’apprendre des choses. Cela amène des longueurs inutiles en diminuant la tension et le côté palpitant de l’intrigue.

L’histoire est originale et osée, la construction méticuleuse manipule le lecteur et attise sa curiosité dans l’attente de LA fameuse révélation finale. J’avoue que le dernier twist est bluffant et glaçant.

Mais dans l’ensemble, une lecture en demi teinte, je suis restée spectatrice, au bord du spectacle sans vraiment y participer.

Ce n’est bien sûr que mon humble avis et je serai présente au prochain rendez-vous car j’aime la prise de risque chez les auteurs.

Je remercie chaleureusement les éditions de l’Archipel pour leur confiance.

Quatrième de couverture

Delphine, 22 ans, est étudiante à Lyon. Issue d’une famille bourgeoise, elle tente de s’affranchir de son éducation en écumant bars et boîtes de nuit. Au cours d’une soirée, elle suit une ombre mystérieuse jusqu’à sa voiture…
Quand elle se réveille dans une maison abandonnée, elle est menottée à un radiateur. Bientôt rejointe par une autre prisonnière.
L’enquête confiée à la Crim’ n’avance pas assez vite aux yeux de l’opinion. Sous pression, le capitaine Romain Mandier accepte l’aide d’un profiler et d’une psychotraumatologue. Qui est cet homme en noir, qui hante les souvenirs confus d’une des captives ? Pourra-t-on exhumer de sa mémoire les fragments qui mèneront au coupable ?
Une fois de plus, Chrystel Duchamp surprend par une intrigue des plus originales, et un épilogue aussi glaçant que retors !

Editeur : l’Archipel, 230 pages, date sortie : 9 mars 2023