Dès que j’ouvre un roman de Sonja Delzongle, la même question tourne dans ma tête : la magie va-t-elle opérer une fois de plus ? Et la réponse est OUI, mille fois OUI. Et j’ai toujours le même problème, la même angoisse face à mon écran blanc, je ne trouve pas les mots justes pour vous en parler.
A chaque nouveau roman, elle ose sortir de la routine, prend des risques et se diversifie dans ses registres. Sa palette est très large -thriller pur, roman noir, thriller scientifique, roman d’aventures engagé- tout ce qu’elle touche lui réussit car elle maîtrise les codes du genre et possède l’intelligence et la faculté du caméléon qui se métamorphose pour coller au décor et à l’environnement.
Thanatea… roman noir et sombre
Sonja Delzongle nous embarque dès les toutes premières lignes par une scène d’obsèques fort intrigante. Elle nous invite à un voyage troublant sur les traces d’Esther, Layla et Hélène. Trois amies d’enfance, liées à la vie à la mort par une amitié profonde. Toutes les trois sont flics dans le même commissariat jusqu’au jour où Esther, rongée par les horreurs de son boulot, décide de tout plaquer pour un emploi tranquille au salaire très élevé, le rêve quoi ! Elle vient de se faire engager comme hôtesse préposée au café dans une entreprise de pompes funèbres sur l‘île de Thanatea. Une minuscule île entourée de mystères au coeur du lac Léman, une île où les morts sont rois. Ce boulot de rêve cache bien des choses et l’envers du décor est glaçant.
L’auteure joue magnifiquement avec l’ambiance et le cadre macabre, elle nous immerge dans une atmosphère étrange, glauque et un peu angoissante. Sa très belle plume avec toutes ses nuances y participe grandement.
La tension est palpable à chaque page, le trouble s’installe assez vite, on est envoûté et déstabilisé. Les émotions prennent le dessus quand on plonge dans l’âme de ces trois femmes unies dans le coeur et pourtant si différentes. Là tout au fond dans leurs souffrances et leurs failles et petit à petit, on découvre leur passé avec les secrets bien cachés et les zones d’ombre. Esther, Layla et Hélène, trois femmes fortes et fragiles, au caractère bien trempé, trois femmes cabossées par la vie et qui ont bien morflé. Layla, maman d’une petite fille, se bat contre un ex mari très violent qui veut récupérer la garde. Hélène, larguée par son compagnon pour une jeunette et Esther qui a du mal à se remettre d’un drame vécu. Comment ne pas être touché par ces femmes ?
Sonja Delzongle nous donne du grain à moudre, elle aborde la condition des femmes, nous questionne sur notre rapport à la mort, thématique oh combien taboue dans notre société mais l’intrigue, le suspense et le plaisir des lecteurs occupent la première et c’est important de le souligner, nous sommes bel et bien dans une fiction.
Le rythme change et les choses s’accélèrent dans la deuxième partie, une bascule s’opère pour laisser la place au thriller et à l’intensité. Les rebondissements et les surprises se multiplient. L’auteure nous mène par le bout du nez, nous retourne les neurones, nous manipule en beauté, nous égare sur des fausses pistes et on en redemande. La tension monte, on retient son souffle dans les dernières pages et les révélations finales jusqu’à ce que la terrible vérité se dévoile.
Du grand art !
Il y a tout ce que j’aime dans ce thriller : une superbe intrigue, une atmosphère au service du suspense, des personnages finement travaillés, un questionnement sur l’humain, des émotions, une vraie plume et un supplément d’âme comme je les aime.
Je remercie chaleureusement les éditions Fleuve pour leur confiance.
Mention spéciale pour la sublime couverture, un écrin de luxe qui le met en valeur.
Quatrième de couverture
Sur cette île qui ne figure sur aucune carte, les morts sont rois.
Thanatea. Un nom qui sonne comme celui d’une femme ou d’une déesse. Un mot plutôt agréable, exotique, à condition de ne pas en connaître la racine grecque, thanatos, la mort. Le plus long des voyages. L’éternité.
Une autre qu’Esther aurait sûrement pris peur mais, durant ses années passées à la police judiciaire, celle-ci a côtoyé la mort sous ses aspects les plus sombres, les plus violents. Un quotidien qui l’a usée, au point d’être prête à tout quitter pour rejoindre cette entreprise de pompes funèbres située au cœur du lac Léman. Et même si ce nouvel environnement s’annonce quelque peu macabre, au moins elle n’aura plus à voir les stigmates d’un meurtre sur la chair, les organes, les os. Là-bas, la mort sera un concept, du marketing, elle sera travaillée, pensée, enrobée dans du velours ou du satin. Là-bas, Esther espère trouver enfin la paix…
Editeur : Fleuve, 416 pages, date sortie : 9 mars 2023
Et bien ça, c’est de la chronique qui donne envie. Merci Nadia 😉🤗
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Ah mais quand j’aime je le dis du mieux que je peux 😉
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Quelle chronique ! Je vais craquer, je sens que je vais craquer…Pour commencer, tu nous parles tellement bien de l’auteure dont j’ai lu presque tous les livres, et tu as raison, qu’il s’agisse de « Boréal », de « Abîmes », de « Le dernier chant », le superbe « Cataractes » (que j’avais aimé tout spécialement), « Sur l’île noire » que je m’étais offert, pour mon amour pour l’Écosse, et pour la richesse de ce merveilleux petit livre dans lequel elle nous raconte son escapade sur les bords du Loch Ness à la recherche du monstre mythique à travers un récit beau et poétique, des conversations qu’elle a eues avec les habitants…Tu as trouvé son surnom : l’auteure caméléon à la plume en or 🙂 ! Un grand merci pour cette belle chronique passionnée !
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Merci de ton partage. Je ne sais pas pourquoi mais ce n’est jamais simple de trouver les mots justes pour parler des romans de Sonja Delzongle. Alors, je fais du mieux que je peux ! Je sais que tu vas craquer, alors je te dis : bonne lecture 😍
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Chronique très tentatrice mais je devrais commencer par sortir les titres que j’ai de ma PAL!
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Ah ça oui, mille fois oui, il faut absolument découvrir Sonja Delzongle ♥️
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