Une nouvelle aventure pour Lucia Guerrero, enquêtrice au sein de la Guardia Civil. On l’a découverte en 2022 dans Lucia. Je rassure tout de suite ceux qui se posent la question, il n’est pas du tout nécessaire d’avoir lu le premier tome pour profiter pleinement de celui-ci.

En Galicie, des femmes de condition modeste disparaissent très tôt le matin sur le chemin du travail. Lucia est plongée à fond dans cette enquête quand elle est rappelée d’urgence à Madrid par son supérieur. Une richissime représentante de la jet set est assassinée, le corps est mis en scène en forme d’oeuvre d’art macabre et un message est peint sur le mur comme un tag « Tuons les riches ». D’autres meurtres suivront, des ultra riches et toujours le même message sur les scènes de crime. Les politiques sont sur l’affaire, priorité aux puissants de ce monde, les travailleuses de Galicie peuvent attendre, il faut à tout prix trouver un coupable avant que les médias ne se déchaînent trop.

Deux ambiances fort différentes, deux enquêtes et deux tueurs insaisissables à traquer. Lucia aura fort à faire pour tenter d’assembler les morceaux de ce double puzzle complexe. Ces deux enquêtes indépendantes sont collées l’une à l’autre, sans véritable lien entre elles.

J’ai beaucoup aimé le premier tome, il se démarquait bien et renouvelait la série Martin Servaz. Il laissait entrevoir le meilleur pour la suite avec une enquête complexe, angoissante et surtout la découverte de Lucia, l’enquêtrice rebelle et solitaire qui a vite aiguisé ma curiosité. Elle apportait un coup de sang neuf dans l’univers de l’auteur et tenait dans ses mains les graines du renouveau.

La suite tient-elle ses promesses ? J’en suis moins convaincue ! Après toutes ses années de service Martin Servaz commençait à s’essouffler un peu, quant à Lucia Guerrero, on dirait qu’elle peine à trouver son souffle.

Bernard Minier sait raconter des histoires, aucun doute sur son savoir faire. Sa plume est fluide, il possède le sens du rythme, il connaît tous les trucs et ficelles pour accrocher ses lecteurs et il le fait bien. Une double enquête, des meurtres macabres, des rebondissements, de l’action, des scènes très visuelles et des décors cinématographiques, une ambiance sombre et pesante. Tout est maîtrisé, au carré, sans aucune fausse note. Les ingrédients sont choisis avec soin et la recette fonctionne. La mécanique est bien huilée dans ses moindres rouages, mais elle lorgne vers la facilité, avec un goût de vu, revu et re-revu. Aucune surprise, ni réelle prise de risque ou renouveau, juste l’impression de tourner en rond ou en boucle. Où est passée l’audace ?

Les thématiques de société abordées sont très pertinentes -le fossé énorme entre riches et pauvres, les violences faites aux femmes, le monde des Incels, le cyberharcèlement- mais elles le sont de manière tellement superficielle, on surfe à la surface des choses. C’est dommage !

La fin est expédiée à toute vitesse, celle du TGV.

On passe un bon moment de lecture avec ce thriller qui fait le job, ça fonctionne et ça se lit tout seul !

Ce n’est bien sûr que mon humble petit avis et je ne prétends détenir aucune vérité.

Je remercie chaleureusement les éditions XO pour leur confiance.

Quatrième de couverture

DEUX TUEURS. DEUX MONDES
UNE DOUBLE MENACE
En Galice, un tueur kidnappe des femmes qui se lèvent tôt pour aller travailler. Des invisibles. Des effacées.
À Madrid, un autre assassin s’en prend à des milliardaires et laisse sur les murs de leurs résidences ce message : « TUONS LES RICHES ».
Deux tueurs. Deux mondes. Et le spectre d’un embrasement général, d’une confrontation de classes inédite et explosive.
Les enjeux, qui se dévoilent peu à peu à Lucia Guerrero, enquêtrice de la Guardia civil, sont vertigineux.
Quand, à son tour, elle reçoit les messages d’un expéditeur anonyme, la question se pose : serait-elle devenue un simple jouet entre les mains des deux tueurs ?

Editeur : XO, 409 pages, date sortie : 4 avril 2024