Un magnifique roman graphique
Ed Brubaker au scénario
Sean Philipps au dessin et encrage
Nous sommes en 1939 à New York. Max Winters, un écrivain sexagénaire, a bien du mal à joindre les deux bouts avec les histoires western qu’il écrit pour un magazine pulp. Son rédacteur en chef lui annonce que les pulps envahissent les kiosques, les ventes s’effondrent, il ne le paiera désormais plus que 2 cents par mot. Max est effondré par cette nouvelle, il se sent floué et usé. Sa récente crise cardiaque lui fait prendre conscience qu’il est vieux et en mauvaise santé, désespéré il n’a plus rien à perdre et est prêt à commettre une folie pour laisser un peu d’argent à son épouse Rosa. Il va faire équipe avec un ancien agent de Pinkerton pour réussir le crime de la décennie : voler l’argent d’Hitler à la veille du tristement célèbre rassemblement nazis de Times Square.
Le récit oscille entre passé et présent, à cheval entre la fin du XIXème et la première moitié du XXème. Le western s’entremêle à merveille au thriller. Western au passé quand Max évoque ses souvenirs de jeunesse, il était un célèbre hors la loi recherché au far west. Thriller au présent avec l’attaque à main armée que prépare Max et son complice.
Le New York des années 30 est magnifiquement reconstitué dans les moindres détails. Les traits nets, les ombres profondes et les tons sombres nous plongent dans les séries noires peuplées de gangsters et de détectives. Les couleurs changent quand on bascule dans les parties flashback western avec la vie dans l’ouest sauvage en 1899. Des scènes à couper le souffle dans des couleurs chaudes, des rouges éclatants et des dégradés de jaunes et oranges, les dessins et les visages sont flous sans véritables contours, comme des vieux souvenirs.
Une ode aux anciennes bandes dessinées. Les personnages attachants nous livrent une réflexion intéressante sur la violence et l’injustice. Un thriller captivant et très émouvant. Plein de tension et de rebondissements, il se lit à la vitesse de l’éclair.
La seule déception est la fin avec l’impression que les auteurs n’ont pas su terminer leur histoire.
Je remercie chaleureusement les éditions Delcourt pour leur confiance.