Le roman s’ouvre une scène horrible, accrochez-vous. Un flic est retrouvé éviscéré au milieu du bois de Vincennes, en plein territoire des prostituées nigérianes, une poupée vaudoue enfoncée dans ses tripes. Ce n’est pas n’importe quel flic, c’est un commandant de police, ex binôme de Valmy qui s’est exilé au Nigéria pour tenter d’oublier un drame (un personnage croisé dans Les cicatrices de la nuit). La brigade criminelle s’empare de l’affaire et rappelle Valmy comme consultant sur le dossier. Un deuxième flic est assassiné de la même façon. Les meurtres s’enchaînent à la vitesse grand V au cours d’une même nuit, rien ne semble arrêter la folie sanguinaire du tueur. Jusqu’où ira-t-il ?
Extrêmement noir
Un polar noir, extrêmement noir qui nous plonge au coeur des réseaux de prostitutions nigérians à Paris, entre les pratiques vaudoues, la magie noire, les divinités et les grigris protecteurs. L’affaire est plus que complexe, elle étend ses ramifications jusqu’aux plus hautes sphères du pouvoir et de la politique. Le consulat du Nigéria sera de la partie, aux côtés de la pègre, d’une société secrète Eiye qui pratique le racket auprès des mamas, sans oublier les intérêts de l’Etat français et les sommes d’argent colossales engagées. Des enjeux qui passent bien avant quelques vies humaines. Tout le monde ferme les yeux. L’auteur a effectué un énorme travail de documentation sur les thématiques sociales et politiques abordées.
Ça sent le vécu
Alexandre Galien est un ancien flic qui se consacre aujourd’hui à l’écriture, il connait parfaitement son univers, le travail de terrain et les procédures. Aucune fausse note, son récit sent le vécu. L’ambiance 100% flics, sombre et glauque -proche des films d’Olivier Marchal-, les personnages (ils sont nombreux, faut parfois s’accrocher), les relations entre collègues, la guerre des polices entre la Crim et une jeune commissaire de la DGSI… TOUT, absolument tout, sonne juste.
J’émettrai un petit bémol : l’excès de jargon et d’argot flic, j’ai tiqué au début, il m’a fallu du temps pour l’apprivoiser et m’habituer aux métaphores.
C’est bien ficelé, rythmé et plein de rebondissements, j’ai retenu mon souffle par moment et quand la fin arrive, je me dis que j’aurais aimé quelques chapitres de plus, histoire d’approfondir un peu les nombreux sujets traités.
Je n’ai pas lu Les cicatrices de la nuit, le premier roman d’Alexandre Galien mais j’ai l’impression que l’auteur est entrain de se faire une belle place dans le monde du polar. Son univers glauque, noir et violent ne laisse pas indifférent. Les âmes sensibles passeront leur chemin.
Je remercie chaleureusement les éditions Michel Lafon pour leur confiance.
4ème Couverture
» Les silences de Valmy, au bout du fil, avaient résonné dans leurs oreilles comme le sifflement d’un corps qui tombe droit dans l’abîme. Pourtant quand le chef de la Crim’ avait prononcé les mots » meurtre ‘, » poupée criblée de cicatrices ‘, » vaudou ‘ et » bois de Vincennes ‘, une tension inhabituelle avait envahi la pièce. Jean et le commissaire ne surent dire si c’était sa respiration qui avait changé, ou s’il était habité d’une force inconnue, mais le Valmy qu’ils connaissaient avait repris le dessus. »
Des faubourgs de Barbès aux dorures des ambassades, entre prostitution et magie noire, le groupe de Philippe Valmy se reforme pour traquer un tueur sanguinaire qui met à vif les cicatrices du passé.
Editeur : Michel Lafon, 317 pages, date sortie : 24 septembre 2020