J’ai découvert Benjamin Myers en 2018 avec Dégradation. Un énorme gros coup de coeur. Un roman noir, macabre, un choc de lecture que je ne conseille pas aux âmes sensibles !
Noir comme le jour est la suite directe. On retrouve les mêmes personnages principaux, le journaliste Roddy Mace et l’inspecteur James Brindle. Comment vous dire mon état de fébrilité au moment de l’ouvrir ?
Dès les premiers chapitres, je constate que Benjamin Myers est franchement doué pour explorer le genre noir rural. Cette fois encore, il nous plonge dans une petite ville post industrielle du nord-est de l’Angleterre, au fin fond d’une vallée dans les landes du Yorkshire. L’immersion est totale, on ressent si bien l’ambiance déprimante de cette vallée encaissée, l’atmosphère entre brouillard et pluie qui vous glace les os, les jours sombres de l’automne, les fermes isolées, les coutumes, les secrets, les légendes, la morne routine des habitants.
Joséphine Jens, une ancienne actrice du cinéma X est retrouvée au fond d’une ruelle, la gorge tailladée. Elle s’en sortira vivante mais défigurée. Le journaliste local Roddy Mace, qui s’ennuie à mourir en luttant contre ses démons de l’alcool, va couvrir l’affaire. Plusieurs femmes vont être agressées, l’hystérie générale gagne la ville. Les langues se délient et les ragots ont bonne presse dans le café de la ville. Tony ‘la tremblote’ l’idiot du village est vite soupçonné, c’est le bouc émissaire idéal.
L’auteur s’est inspiré d’une véritable histoire « d’hystérie » survenue en 1939 à Halifax pour explorer la peur et la paranoïa, l’étendue de la connerie humaine, le rôle de la presse, les boucs émissaires.
Ce roman est beaucoup plus accessible que Dégradation , moins gore, moins glauque, moins désespéré, moins viscéral dans l’écriture. Je n’ai pas retrouvé cette puissance, cette brutalité, ce coup de poing dans les tripes.
Une peinture noire et sociale, une bonne lecture dans les deux premiers tiers, j’ai aimé me plonger dans l’atmosphère de cette vallée aux côtés des personnages finement étudiés. Hélas, les choses se sont enlisées dans le dernier tiers, j’ai eu l’impression que l’auteur tournait en rond en cherchant la direction à donner à son récit. Dommage !
Je remercie chaleureusement les éditions du Seuil pour leur confiance.
4ème Couverture
Une petite ville post-industrielle au fin fond de la vallée des Pennines en Angleterre, où se côtoient vieilles générations, gardiennes des coutumes, secrets et légendes folkloriques du coin, et jeunes milléniaux post-hippies, adeptes du retour à la nature, venus embrasser un mode de vie alternatif.
Dans une ruelle, on retrouve le corps inanimé d’une femme, la gorge tailladée d’une oreille à l’autre. Qui pouvait en vouloir à Josephine Jenks, ancienne gloire locale du cinéma X? Son passé pathétique et sulfureux ne va pas tarder à aviver la curiosité malsaine des médias. D’autant que son agression n’est que la première d’une longue série… L’automne arrive, les jours s’assombrissent, et bientôt la région tout entière se retrouve en proie à une étrange fièvre collective.
Tony Garner, « l’idiot du village » à la réputation violente, reclus et ostracisé, cible de toutes les moqueries, ferait un coupable idéal. Mais le journaliste Roddy Mace, installé dans une péniche et bien résolu à ne pas se laisser rattraper par ses vieux démons (l’alcool et le stupre), ne croit pas à cette théorie, trop facile. L’inspecteur James Brindle, en retraite forcée depuis le fiasco de sa dernière enquête, est lui aussi persuadé qu’il ne s’agit pas d’un fait divers comme les autres, et que le « serial killer » qui excite et terrorise tout le monde n’est pas celui qu’on croit.
Inspiré d’événements réels qui ont traumatisé le West Yorkshire dans les années 1930, Noir comme le jour sonde avec une remarquable finesse l’esprit de notre époque déroutée, hystérique et paranoïaque.
Editeur : Seuil, 384 pages, date sortie : 9 janvier 2020