Voilà bien longtemps que je ne m’étais pas plongée dans un roman de Christian Carayon.  Torrents, « Un souffle une ombre » et « Le diable sur les épaules », je les ai tous aimé.

Comment va la nuit ? C’est l’histoire d’Anthony. Il habite dans une bergerie au milieu des Alpes. Il y vit en ermite, loin du monde, loin des hommes. Suite à une intervention chirurgicale, il est entrain de mourir. Tout seul. Il se traîne dehors et laisse une couverture brodée et une enveloppe à l’attention de Victoria. Le froid est insupportable mais il veut mourir sous la neige dans la nuit.

Ainsi démarre ce roman noir fort étonnant dans sa construction. Le récit débute par l’épilogue, on lit la fin et les chapitres se déroulent à l’envers, le livre 3, le 2 et le 1, pour terminer avec le prologue. Cette chronologie inversée surprend au premier abord mais on se laisse vite glisser dans cette histoire très émouvante.

Chaque livre raconte les femmes qui ont compté dans la vie d’Anthony, du présent au passé. Victoria, son amie du moment, Katel Oberman, le grand amour de sa vie et enfin sa mère. Chaque livre éclaire une facette et fait découvrir le mystère de ce personnage solitaire, sauvage et taciturne. Ses choix et sa culpabilité, la douleur qui le ronge, la violence et la colère qui l’habitent. On plonge au coeur de son âme, dans sa noirceur et ses failles, dans sa grandeur et sa petitesse.

Ensemble, toutes les pièces du puzzle forment une histoire poignante. Une histoire composée de petits détails, d’émotions, de souvenirs et d’expériences.

L’ambiance est très sombre, mais ça et là des éclats de lumière parviennent à percer la noirceur.  Tout est nuances et subtilité dans ce récit. La plume de Christian Carayon est belle, fine et délicate. Elle exprime magnifiquement la grande sensibilité de l’auteur.

Nous ne sommes pas dans un roman à suspense mais la tension sous jacente est bien présente, elle monte par petites touches jusqu’au prologue. Et la surprise vient nous cueillir à la fin.

Comment va la nuit ? Un magnifique roman noir habité par la nostalgie et la grâce.

Je remercie chaleureusement les éditions Hervé Chopin pour leur confiance.

Quatrième de couverture