Après L’EMBAUMEUR et sa suite LA PÂQUELINE, c’est la troisième fois que je m’immerge dans l’univers unique et foisonnant d’Isabelle Duquesnoy, celle qui a du génie et raconte l’Histoire comme personne. La chose est assez rare pour être soulignée, j’avais parlé de chef d’oeuvre dans ma chronique de L’embaumeur ou l’odieuse confession de Victor Renard.

Sa fille Marie-Marguerite, âgée de vingt et un ans, est emprisonnée, accusée de complicité avec sa mère. Mais elle clame son innocence. Sous forme de billets écrits à M. de la Reynie (lieutenant de police), elle se confesse et dévoile toute la vie de « la Voisin ». Ses débuts de sage femme, avorteuse, liseuse d’avenir, puis empoisonneuse, elle ne connaîtra aucune limite et franchira tous les lignes. Elle livre les secrets de sa mère et la liste de ses clients de la haute noblesse et tout le beau monde de la cour, espérant ainsi sauver sa peau.

Nous sommes à des années lumière d’un récit historique classique et ennuyeux. Isabelle Duquesnoy nous transporte et nous immerge complètement dans l’époque grâce à un impressionnant travail de recherches et de documentation. Les bas fonds sordides de Paris, la misère, la puanteur et la crasse. Les fastes de la cour où tous les coups bas sont permis, où la morale est un mot oublié.

Superstitions, philtres d’amour, poudres empoisonnées et recettes élaborées pour des poisons en tous genres, messes noires, sorcellerie, manipulations, odieux trafics et meurtres d’enfants… un menu qui fait pâlir et trembler.

Tout est minutieusement décrit avec une précision historique extrême mais la verve incroyable, la gouaille de l’auteure et son style inimitable entre langage châtié, grossièretés et mots crus rendent le récit passionnant et envoûtant de bout en bout.

Intelligent, caustique et truculent.
Glauque, glaçant et terrifiant.
Décapant, piquant et percutant.
Haut en couleurs, l’humour est noir et grinçant.

Jubilation garantie !

Quatrième de couverture

442 accusés de commerce de sorcellerie.
36 condamnés à mort, dont ma mère, brûlée vive.
Sur ordre du roi. Et moi, sa fille, dois-je tout dire pour sauver ma tête ?

Depuis cinq heures du matin, la foule rassemblée devant le bûcher piaffe d’impatience de voir brûler celle que l’on surnomme  » la Voisin « . Son supplice sera le divertissement à ne pas manquer. Ordre du roi.
On ne badine pas avec la colère de Louis XIV.
Accusée de sorcellerie et de crimes atroces, elle repousse le curé qui tente de sauver son âme et s’agite comme une possédée.
– Allez tous vous faire foutre !
Et d’un seul coup la fumée montant vers le ciel emporte les cheveux fondus de la plus redoutable empoisonneuse de Paris.
Bientôt, on soupçonne de complicité sa fille âgée de vingt et un ans. Ainsi, Marie-Marguerite devra tout dire : livrer les secrets de sa mère, révéler ses formules et la liste de ses clients dans la haute noblesse courtisane.
Mais cela suffira-t-il à sauver sa tête ?
L’un des plus gros scandales qui ébranla le règne du Roi-Soleil est ici raconté avec la truculence et la précision historique si singulières d’Isabelle Duquesnoy.

Editeur : Robert Laffont, 384 pages, date sortie : 2 février 2023