Une très belle découverte !
Je découvre enfin Christophe Guillaumot, rencontré à Toulouse Polars Sud en octobre 2017. L’auteur est capitaine de police au SRPJ de Toulouse, son roman sonne « vrai » sans aucune incohérence.
Une enquête qui se déroule à Toulouse. Renato Donatelli, surnommé le Kanak par ses coéquipiers qui ne l’aiment guère, est un black baraqué, une armoire à glace de 2m qui vient de Nouvelle Calédonie. Il rêve d’y retourner et attend sa mutation refusée chaque année par sa hiérarchie.
Le kanak, une force de la nature au grand coeur, il est le seul flic honnête au sein d’une bande de ripoux à la brigade des stups. Une montagne de muscles qui répète toujours cette phrase quand quelqu’un commence à le gonfler : « Je vais te laisser le choix… Soit tu passes ton chemin, soit je te mets une gifle amicale ! »
Lors d’une descente des stups dans l’appartement d’un dealer, le Kanak reste à l’extérieur, refusant de participer aux magouilles de ses collègues. Il découvre dans l’appartement voisin un couple d’Africains sauvagement mutilés, les viscères à l’air, un petit enfant présent sur la scène de crime a été épargné. Sans l’accord de sa hiérarchie, il va mener une enquête non officielle, assisté de Six, un bébé flic de la Crim et d’Avril, la belle médecin légiste.
Pour élucider ces meurtres atroces, il va devoir plonger vingt ans en arrière, dans le passé du Rwanda, durant le massacre des huit cent mille Tutsis par l’ethnie Hutu, dans l’indifférence générale de la communauté internationale. Le beau titre énigmatique « Abattez les grands arbres » est en fait le signal du début des massacres prononcé sur les ondes de la radio Milles Collines.
Après le génocide, certains bourreaux ont atterri en France où ils se cachent sous de fausses identités. L’heure de la vengeance aurait-elle enfin sonné à Toulouse ? L’enquête s’annonce très complexe, elle va mettre certaines magouilles en lumière, quand tout le monde aimerait qu’elles restent au fond des dossiers.
Christophe Guillaumot nous offre une intrigue à plusieurs niveaux, bien rythmée, sans aucun temps mort. C’est cohérent, ficelé à merveille et magnifiquement documenté, il nous explique clairement et sans détour (sans être lourd ni entrer trop dans les détails) l’effroyable tragédie rwandaise et l’implication du gouvernement français, un réalisme à couper le souffle.
Au delà de l’enquête, le grand point fort de ce roman, c’est le personnage principal que je ne suis pas prête d’oublier. Le Kanak, ce flic atypique aux grosses paluches, à l’humour si particulier, tellement attachant et touchant dans sa naïveté par moments, une espèce en voie de disparition.
Un premier opus qui me donne envie de lire la suite des aventures du Kanak dans « La chance du perdant ».
4ème Couverture
À la brigade des Stups, on le surnomme le Kanak. Gardien de la paix au grand cœur, natif de Nouvelle-Calédonie, il en impose du haut de ses deux mètres. Intègre, il refuse de participer aux magouilles de ses collègues. Lorsqu’il découvre une famille africaine massacrée à coups de machette, il prend l’affaire à cœur et se promet de faire justice. Sur la piste d’une odieuse vengeance, le Kanak découvre une histoire où les bourreaux d’hier sont les victimes d’aujourd’hui.
Editeur: Cairn, 372 pages, date sortie: octobre 2015 (éditions Points 8 mars 2018)
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