Le bal des vautours – Ilaria Tuti

Dès son premier roman Ilaria Tuti s’est imposée comme une des voix les plus singulières du polar italien.
Sur le toit de l’enfer met en scène l’extraordinaire commissaire Teresa Battaglia. Un thriller d’atmosphère d’une maîtrise impressionnante. Une révélation !

Elle a frappé plus fort encore avec son deuxième La nymphe endormie. Un énorme coup de cœur, une pépite à l’atmosphère troublante, une intrigue complexe et fascinante.

Allez savoir pourquoi, mais j’ai boudé le quatrième Fille de cendre, sans doute la peur d’être déçue à nouveau, je ne sais pas.

L’auteure nous revient avec un cinquième (et dernier ?) tome mettant en scène la fameuse commissaire Teresa Battaglia. Sans aucun doute, l’épisode le plus émouvant et le plus déchirant !

Je vous déconseille fortement de le lire si vous n’avez pas lu les deux premiers tomes.

Une ouverture saisissante

Les premières pages captivent d’emblée l’attention. Au milieu de la nuit, Massimo Marini reçoit un appel anonyme sur son portable. Il quitte son domicile et sa compagne sur le point d’accoucher pour filer au lac de Cornino, au cœur des montagnes. En arrivant, il découvre une scène glaçante. La commissaire Teresa Battaglia penchée sur le corps d’un jeune homme au bord du lac isolé, dans un état de confusion totale, les joues maculées de sang. Elle serre le cadavre dans ses bras comme pour le protéger des rapaces qui tournoient au-dessus. Elle ne reconnaît pas Massimo et semble complètement perdue. Que fait-elle sur cette macabre scène de crime ? Comment est-elle arrivée là ? Le mystère est entier et les questions fort nombreuses. Le suicide apparent du jeune homme n’est que le premier d’une longue série de morts. Ainsi démarre cette enquête complexe et ancrée dans un passé très lointain.

Teresa face à la maladie

Teresa est plus vulnérable que jamais, fragilisée, en train de mener une bataille perdue d’avance face à la maladie d’Alzheimer qui embrume son esprit, grignote sa mémoire et ravage son corps. Elle n’est plus commissaire, mais elle ne renonce pas et continue d’enquêter entourée de sa formidable équipe. Ils sont tous soudés comme les doigts d’une main et ils ont construit un lien de confiance plus fort que tout, ils se soutiennent et se protègent, d’autant plus qu’ils sentent que les adieux de Teresa se rapprochent de jour en jour. L’auteure déploie beaucoup de tendresse dans la façon dont elle aborde la maladie et c’est avec sa sensibilité qu’elle nous parle de l’essence de Teresa, cette essence qu’aucune maladie ne peut effacer. Emouvant et bouleversant !

Teresa, fragile et combattive à la fois, nous prend aux tripes. On voudrait la serrer dans nos bras, lui dire que tout va aller bien, mais on sait que c’est un mensonge.

L’art de scruter l’âme humaine

Ilaria Tuti a un don particulier pour scruter les tourments de l’âme humaine, elle maîtrise l’art de sonder les couches profondes de ses personnages, elle les décortique et explore les zones d’ombre qui se cachent au fond de chacun d’eux. C’est une plongée dans les recoins les plus profonds de l’âme humaine.

Un voyage au cœur d’un grand mystère, de la mémoire et du temps qui s’effiloche. Le bal des vautours possède ce supplément d’âme que j’attends dans mes lectures. J’aime la sensibilité toute particulière de l’auteure. Un pur bijou d’émotions !

Le Frioul, terre de mystères

La région du Frioul (terre natale de l’auteure) est magnifiquement décrite dans ses racines historiques. Une terre énigmatique, fascinante et mystérieuse. Une terre qui a subi les invasions barbares, celles des Lombards dès l’an 568 et où les rites païens et chrétiens se mélangent. D’un côté la nature sauvage, ses grottes et ses sites archéologiques, de l’autre le folklore, les croyances ancestrales et légendes. C’est une véritable alchimie entre les deux, il s’en dégage une atmosphère très particulière !

Un récit aux multiples facettes

On alterne entre l’enquête et des réflexions profondes sur la nature humaine. Les nombreuses digressions nuisent un peu au suspense, le rythme est inégal mais la fragilité de Teresa apporte un sentiment d’urgence dans les recherches. Une enquête décousue et embrouillée par moments, un peu comme la mémoire de l’ex-commissaire… J’ai aimé ce récit pour ses émotions et sa nostalgie. Je me suis laissée porter par la plume d’une grande beauté, Ilaria Tuti semble née avec une plume en or à la main. Elle oscille entre sensibilité, puissance, subtilité et sensualité, il s’en dégage une poésie qui m’envoûte complètement.

Le Bal des Vautours confirme le talent exceptionnel d’Ilaria Tuti et la richesse de l’univers qu’elle a créé autour de Teresa Battaglia. Je pense que la porte s’est refermée pour de bon avec ce cinquième tome mais qui sait, une surprise nous attend peut-être !

Je remercie chaleureusement les éditions Robert Laffont pour leur confiance.

Quatrième de couverture

 » JE N’AI PAS TUÉ CE GARÇON, J’ÉTAIS LÀ POUR LE SAUVER. « 

Sur les bords du lac de Cornino, dans le nord de l’Italie, gît le cadavre d’un jeune homme. De son corps scarifié à la vidéo publiée sur ses réseaux, tout porte à croire qu’il s’est suicidé. Mais alors, que fait l’ex-commissaire Teresa Battaglia à ses côtés ? Elle ne sait ni comment elle s’est retrouvée là, ni quelle est l’identité du malheureux ; pourtant, la clé du mystère semble se
cacher dans sa mémoire, rendue défaillante par un Alzheimer galopant. Soutenue par ses amis, Teresa devra lutter contre les assauts de sa maladie pour faire la lumière sur cette affaire, où s’entremêlent légendes locales et traditions occultes.
Jusqu’à se compromettre ?
COMMENT ENQUÊTER QUAND ON OUBLIE TOUT ?

Editeur : Robert Laffont, 420 pages, date de sortie : 14 août 2025

12 commentaires sur « Le bal des vautours – Ilaria Tuti »

Répondre à belette2911 Annuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.