Interview Alexis Laipsker

© RENAUD BOUCHEZ SOCIETY SIGNATURES

Bonjour Alexis Laipsker,

Je vous remercie beaucoup de m’accorder du temps pour répondre à cette longue interview. C’est un cadeau précieux pour les lecteurs de Livresse du Noir et je suis certaine que nous allons passer un bon moment ensemble.

J’ai préparé votre bibliographie, je la publierai en fin d’article.

Je suis un bluffeur professionnel, je suis un noircisseur de pages blanches et blanchisseur de nuits noires.

Votre actualité est plus que brûlante.

  • Le 21 mars : la sortie de votre 5ème roman « D’entre les morts ».
  • Le même jour : la sortie en poche de « Hurlements ».
  • Et le 24 avril : l’adaptation du roman « Le Mangeur d’âme » sortira dans les salles de cinéma.

Ils ont capté l’essence du livre ?

Oui tout à fait.

Le maître mot, c’est la passion. Si on compte ses heures, si on réfléchit à l’investissement que cela représente en temps, on ne le fait pas. Quand on est passionné, les heures ne passent pas de la même façon, on ne les comptabilise pas. L’envie de raconter une histoire, quand on l’a en soi, on a envie de la partager, il faut que cela sorte. Il n’y a que 24h dans une journée, donc j’essaie de dormir un peu moins que les autres.

Il y a des ingrédients mais ils sont pas forcément indispensables ou nécessaires. Chaque auteur a ses propres ingrédients. Ce qui compte, c’est de faire la meilleure cuisine possible. Et la meilleure cuisine, on la fait avec le coeur. Donc, si je vous dis que j’utilise des chapitres courts, énormément de cliffhanger, des personnages attachants et une fin choc… tout ça, c’est vrai. Mais ce n’est pas en forçant ça qu’on va faire un bon bouquin. Il faut que cela vienne naturellement. C’est mon style, c’est de cette façon là que j’ai envie de raconter les histoires. Et pour moi, l’authenticité, c’est essentiel.

Oui, j’écris de façon assez spontanée, j’écris vite naturellement pour avoir ce flux et cette dynamique. En revanche, quand je relis, là je me mets à la place du lecteur et il y a une jubilation. Je me dis « je le fais quand même bien marcher » ou je me dis « là il faut que je rajoute quelque chose car ça n’a pas bien fonctionné ». Je suis mon premier lecteur.

Non, je ne suis pas zen et serein quand un roman sort. On se demande s’il va marcher, s’il va plaire, on se pose pas mal de questions. C’est un an de travail et les gens le mangent en deux jours… donc, c’est violent. Je raconte des histoires et si elles ne plaisent pas, c’est frustrant. Juste avant la sortie, je suis très anxieux et nerveux. Par contre, après, je ne me mets pas trop la pression pour savoir ce que je vais raconter, cela vient tout naturellement. Je vous donne un exemple, là j’étais parti sur l’écriture d’une idée et il y a 48h je viens d’avoir une autre idée qui a pris le pas sur la première. Je vais donc changer. Je suis mes envies sans trop me poser de questions car le but c’est d’écrire un bon bouquin, celui qu’on a envie de porter avec passion et enthousiasme.

Je ne sais pas, c’est naturel. Pour l’intensité, pour le côté du bluff et de la manipulation. Parce que je ne me voyais pas écrire mes états d’âme sur ma vie… Je me voyais plus écrire des histoires fortes et affreuses.

Avez-vous des influences littéraires ?

Pas directement. Il y a beaucoup d’auteurs qui ont énormément de talent, que je respecte beaucoup, qui m’ont apporté et qui ont certainement contribué à ce que je suis. Mais je ne peux pas dire « c’est lui qui m’a inspiré », ce n’est pas aussi fort que ça.

C’est très compliqué de répondre à cette question car cela ne répond pas à un cheminement logique. Pendant le processus d’écriture, d’élaboration du bouquin, il y a plein de moment où je réfléchis, ça c’est le travail rationnel et logique, la réflexion. Par contre, l’idée essentielle du livre, elle vient comme ça… On pense à quelque chose, on a le cerveau comme en hypnose… en voiture, on parle à quelqu’un, puis d’un seul coup on n’écoute plus ce que la personne dit, on a une idée qui vient… Et souvent c’est l’assemblage de plusieurs idées, qui n’avaient pas trouvé écho et en les assemblant, on se dit c’est logique ou c’est génial, c’est une évidence. J’écris les livres que j’ai envie de lire… j’aime lire des livres nerveux, où il se passe beaucoup de choses, où on vit des émotions, ressent de la compassion, de la peur, du suspense… je fais vivre pas mal de choses au lecteur, parce que j’ai peur de l’ennuyer, je veux l’accrocher de la première à la dernière pas, qu’il ne puisse pas lâcher, lui offrir de l’intensité.

Dans vos thrillers, vous explorez la face sombre de l’âme humaine. L’avez-vous cotoyée de près pour être si crédible ?

Oh ça c‘est une bonne question. Non, c’est quand même de la fiction et heureusement car je dépeins quand même des personnages assez obscurs, complexes et malsains. Je n’aimerais pas les avoir rencontré en vrai. En revanche, j’essaie de les creuser pour leur donner une épaisseur. Pour Les Poupées et D’entre les morts, j’arrive à développer une sorte de compassion. On éprouve quelque chose pour quelqu’un qui est un criminel abominable et on finit même par le comprendre, même si on n’excuse pas ses meurtres. Et c’est une très belle récompense d’arriver à retourner le lecteur de cette façon.

Pourriez-vous aborder n’importe quelle thématique ou vous vous fixez des limites à ne pas dépasser ?

N’importe quelle thématique, oui, si j’ai une idée forte et que cela m’intéresse. Je me fixe des limites, la violence pour la violence, le voyeurisme, non… Ce que je veux, c’est que le lecteur éprouve des choses. Je peux lui faire ressentir des choses sans le dégouter et le moyen que j’ai trouvé, c’est de suggérer la violence, sans la décrire. Faire en sorte que le lecteur l’imagine, c’est beaucoup plus fort.

Oui je connais toujours la fin. C’est elle qui me donne l’idée de l’histoire et de son début. Je devrais faire un plan mais je n’y arrive pas. Je sais dans ma tête comment cela va s’articuler, j’ai des jalons, mais par exemple, impossible de savoir ce qui va se passer au chapitre 25. J’ai un canevas et les personnages m’emportent et changent parfois l’histoire.

Oui, tout à fait. J’ai un goût pour la manipulation, la désinformation. Il y a des compétences que j’ai apprises en jouant au poker que j’utilise pour mes romans… La suggestion, j’aime beaucoup… Le choix de certains mots qui en apparence n’ont rien à voir avec l’histoire mais qui me permettent de donner une certaine orientation dans le subconscient du lecteur. J’essaie d’orienter le lecteur dans une direction sans même qu’il en ait conscience.

Je l’étais oui, mais paradoxalement je lis moins depuis que j’écris. Je lisais plus d’un livre par semaine. Blanche et noire, absolument tout. Des essais sur l’art, des essais historiques… Des biographies, j’ai lu la biographie de De Gaule… je suis très très éclectique. Aujourd’hui, je lis les romans noirs des copains… mais j’ai tendance à analyser, j’ai du mal à me laisser porter comme un lecteur, lecture technique et analytique.

C’est très loin, je l’ai lu quand j’avais 16 ans… « Dédale » de Lary Collins. Avec ce livre, j’ai éprouvé des émotions intenses, celles qu’on ressent habituellement au cinéma. Et je me suis mis à lire du Stephen King, Patrick Cauvin, Lovecraft et beaucoup d’autres auteurs…

Si vous vous retrouviez face à Dieu, qu’auriez-vous envie de lui dire ?

Bien joué !

On vous propose de vous réincarner, quel serait votre choix : un personnage célèbre ? Un animal ? Un végétal ?

Un personnage célèbre… mais lequel ?

Quels sont vos projets d’écriture ? Pouvez-vous nous dévoiler un petit scoop sur votre prochain roman ?

Projet en cours d’écriture, je ne peux rien dévoiler sous peine de spoiler « D’entre les morts ». Mais j’ai un scoop pour vos lecteurs. « Hurlements » est cours d’adaptation, avec un comédien très connu pour le rôle principal.

Waou, quel sacré scoop ! Merci beaucoup.

Avez-vous envie d’ajouter un petit mot pour la fin ?

Je vous remercie et j’invite tout le monde à découvrir mon univers, tous ceux qui ont envie de se faire un petit peu peur.

Alexis Laipsker, encore un tout grand merci ! Et voici la petite photo souvenir pour clôturer ce moment fort sympathique et très intéressant.

Bibliographie d’Alexis Laipsker

Et avec votre esprit (2020) – Michel Lafon et Pocket

Le mangeur d’âmes (2021) – Michel Lafon et et Pocket

Les poupées (2022) – Michel Lafon et Pocket

Hurlements (2023) – Michel Lafon et Pocket

Face à face (2023) (Nouvelle) – Michel Lafon

D’entre les morts (2024) – Michel Lafon

10 commentaires sur « Interview Alexis Laipsker »

  1. Ce Monsieur est un génie. Il nous entourloupe avec le sourire. J’ai deviné son potentiel avec  » et avec votre esprit ». Dieu que j’ai ri avec les remerciements « d’entre les morts ». Nous sommes ses complices. Bien joué.

    Merci pour ce bel échange 🙏 😘

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    1. Merci aussi ! Je suis contente que l’interview te plaise. Découvrir un auteur et son univers, j’ai beaucoup aimé cette première expérience, j’espère la refaire très vite. D’autant plus que les lecteurs en redemande 😉. Beau samedi 😘

      Aimé par 1 personne

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