Châtiment – Céline Denjean

Je suis Céline Denjean depuis ses débuts et son tout premier roman Voulez-vous tuer avec moi ce soir. Une vraie belle rencontre qui m’a donné envie de la suivre de très près. L’auteure s’est vite imposée comme une incontournable dans le polar français. Aujourd’hui, Châtiment, son huitième roman, nous prouve une fois de plus l’étendue de son talent et sa marque de fabrique reconnaissable entre toutes.

Au fil des années, j’aime de plus en plus sa palette et son univers.
La belle humanité qui habite ses romans.
Le regard acéré qu’elle porte sur les dérives de la société ou de la famille.
Et cette façon qu’elle a de mettre l’humain au centre de ses récits,
de plonger dans ses failles les plus profondes, de gratter où ça fait mal.
J’aime sa plume d’orfèvre et la sensibilité avec laquelle elle raconte les histoires.
J’aime le supplément d’âme niché au fond de ses romans.

Marie-France Bellegarde est retrouvée morte sur une petite route des Baronnies, les bras disposés en croix, une clé dans une main. Sans l’ombre d’un doute, les policiers de Toulouse sont persuadés qu’elle est la vingt deuxième victime du Thanatopracteur, un tueur en série qu’ils traquent depuis quinze ans. L’affaire est vite bouclée. Deux mois plus tard, la police parvient enfin à identifier le tueur, quand ils donnent l’assaut chez lui, une macabre découverte les attend : l’homme est mort, décomposé depuis plusieurs mois, au moins quatre. Coup de tonnerre ! Marie-France Bellegarde n’est donc pas sa dernière victime. Celle d’un copycat ? On fait appel au major Louise Caumont, de la brigade de Tarbes, pour reprendre l’enquête. Le meurtre remonte à deux mois, l’affaire est froide et la juge a besoin d’un enquêteur chevronné capable de repartir de zéro. Je cite ses mots « En réalité, si je devais moi-même qualifier la situation, je dirais sans détour qu’elle est merdique »

Parallèlement à ce cold-case, on va suivre une autre enquête. Le neveu de Roseline Blanc fait appel à Philippe Georgel, détective privé, pour retrouver sa tante de soixante deux ans, volatilisée depuis six mois. La police a vite lâché les recherches, persuadée que la vieille dame est partie en voyage. Elle était présidente et fort impliquée dans une association caritative Tous Solidaires. Sa mystérieuse disparition est inquiétante.

Louise Caumont reprend les investigations sur les Bellegarde. Cette famille, un peu trop parfaite, bien sous tous rapports, coche les bonnes cases de la bourgeoisie catholique très pratiquante. Que se passe-t-il réellement dans l’ombre derrière les portes ? Quels secrets inavouables cachent-ils ? Qui a pu en vouloir à Marie-France au point de l’assassiner sauvagement ? Louise sent une violence larvée et beaucoup de tension entre le père et les enfants. Il lui faudra explorer les recoins les plus obscurs, s’engouffrer dans les failles pour déterrer le passé profondément enfoui et lever le voile sur l’histoire de ce clan.

Les personnages occupent la place centrale du récit et l’aspect psychologique est très présent. Fouillés, bien campés et d’une justesse incroyable, ils nous transportent au coeur d’une intense noirceur.

Deux enquêtes sous haute tension et deux temporalités. La construction est parfaitement maîtrisée, millimétrée dans les moindres détails. Les enquêtes sont minutieuses et passionnantes, sans aucun lien entre elles en apparence, elles vont converger petit à petit pour se rejoindre en créant la surprise. L’alternance des deux captive le lecteur et apporte rythme et dynamisme au récit. Quant aux deux temporalités, elles aiguisent la curiosité et épaississent le mystère. Le présent et les années 90 dans l’école ultra catholique Saint James.

Une intrigue divertissante, qui ne manque ni de relief ni de profondeur, abordant une thématique sociétale nauséabonde, on reconnaît bien la marque de fabrique de Céline Denjean. Les mots sont toujours choisis avec beaucoup de soin, avec un souci du détail et de précision. La plume est belle, riche et soignée, c’est un bonheur de s’y plonger. L’auteure nous emprisonne dans ses filets, impossible de lâcher la lecture en route. On est aspiré dans cette gigantesque toile aux multiples ramifications. On s’accroche aux révélations distillées au compte goutte, on émet des hypothèses, les rebondissements créent la surprise jusque dans les toutes dernières pages. Sacré final qui vous dévisse la tête… Glaçant !

Je ne suis pas sûre d’avoir trouvé les mots justes, il y aurait tant de choses à dire pour vous parler de ce formidable roman. Mais allez-y sans l’ombre d’un doute, ce Châtiment est tout bon !

Je remercie chaleureusement les éditions Michel Lafon pour leur confiance.

Quatrième de couverture

« Depuis qu’un fou furieux a tué maman, la rage
qui couvait au fond de moi est sortie de ses gonds.
Je la sens, là, qui enfle, gronde, bouillonne.

Elle ressemble à un monstre qui me soulève le ventre. »

Une violence sourde ronge la très respectable famille Bellegarde dont la mère, Marie-France, a été sauvagement assassinée. Les fondations de l’édifice familial vacillent. La major Louise Caumont trouvera-t-elle la faille pour percer à jour les secrets du clan ?

Editeur : Michel Lafon, 400 pages, date sortie : 8 février 2024

12 commentaires sur « Châtiment – Céline Denjean »

  1. Ah si ma Nadia, tu as bien trouvé les mots. Je me noie dans ma salive 😍 J’aime beaucoup le franc parler de Louise ( et puis elle a un chat). Merci à toi pour la chronique qui déchire 🙏😘

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