Un premier roman très prometteur. Audrey Brière nous offre un polar abouti, une histoire baignant dans une atmosphère envoûtante, colorée d’une touche très particulière. J’ai beaucoup aimé !
1917 en Bourgogne, petit village de Haut-le-Coeur. Thomas Sorel -surnommé TS- est retrouvé égorgé comme un porc dans la cave de sa belle mère. Collecteur de loyers et homme de main du maire, il était détesté de tous les villageois, les mobiles et suspects sont très nombreux. L’inspecteur Matthias Lavau mène l’enquête avec Esther, sa brillante assistante.
L’affaire, fort complexe, plonge ses racines dans le passé. Le Mal y est enraciné depuis des décennies. Certaines pistes mènent au couvent des Ursulines, l’orphelinat géré par la prieure Marie y accueille tous les « Malvenus » abandonnés. TS en faisait partie, ainsi que Jeanne son épouse et Matthias et tant d’autres. Les enfants du Clos ne le quittent jamais, ils ne s’éloignent pas et vivent au coeur de Haut-le-Coeur, village chargé de mystères anciens. Tous les habitants se connaissent et ils se taisent, préférant protéger les lourds secrets profondément enfouis, les non-dits sont la règle. Il faut beaucoup de talent pour mener une enquête dans ces conditions. D’autant plus que les avancées de la police scientifique sont encore fort timides (les empreintes, les autopsies, les fiches anthropométriques de Bertillon…).
Au fil des investigations, les ramifications se multiplient ainsi que les fausses pistes. Passé et présent se confondent, les différentes histoires s’enchevêtrent, les vieilles rancoeurs et les trahisons ressurgissent. La mort de TS est-elle liée aux anciennes disparitions de jeunes filles, l’affaire n’avait jamais été élucidée. Ou est-ce une vengeance ?
Les personnages sont nombreux, par moment on s’accroche pour ne pas perdre le fil conducteur. J’ai adoré le duo d’enquêteurs, ensemble ils forment une redoutable équipe et leur complicité grandit au fil de leurs investigations. Mathias a un talent spécial, une mémoire d’éléphant, il se souvient de tout, tout le temps. Esther possède un sacré culot et un esprit de déduction affuté. Mais elle semble cacher beaucoup de secrets sous sa collerette de cuir.
Les décors et l’ambiance particulièrement soignée sont au coeur de cette intrigue singulière. J’ai beaucoup aimé la noirceur poétique qui s’en dégage. Audrey Brière a du style et une très belle plume. Nous sommes plongés dans une atmosphère hivernale, sombre, étrange et brumeuse. Envoûtés par les légendes et la dame Blanche qui rôde dans le village. Troublés par Blue, le loup noir solitaire vivant dans les bois où se cache un étrange pigeonnier. Intrigués par le château abandonné et ses souterrains, théâtre de tant de drames anciens.
Les surprises et retournements nous tiennent en haleine jusqu’au surprenant dénouement.
Aurons-nous le plaisir de retrouver l’inspecteur Matthias et son assistante Esther dans une prochaine enquête ? C’est mon voeu le plus cher.
Je remercie chaleureusement les éditions Seuil pour leur confiance.
Quatrième de couverture
1917. Alors que la Première Guerre mondiale fait rage, un homme est retrouvé mort dans une cave du village de Haut-de-Cœur, en Bourgogne. Pas mort d’un excès de froid, de faim ou de vin, comme d’autres, mais proprement égorgé.
Ici, bon nombre des habitants ont grandi sans autre père et mère que les religieuses du majestueux couvent des Ursulines. C’est le cas de l’inspecteur de police Matthias Lavau : recueilli tout petit par le couvent, il est parti faire ses armes à Paris et à Lyon avant de finalement rentrer au bercail. Son talent ? Il se souvient de tout, tout le temps. Une mémoire parfois lourde à supporter, mais dans ses enquêtes, un atout précieux.
La victime aussi est un ancien des Ursulines : Thomas Sorel, bien connu dans les alentours, et presque unanimement détesté… C’est le bras armé du très redouté maire. Beaucoup ont souhaité sa mort, pour des raisons valables, le plus souvent.
Dans l’atmosphère crépusculaire de l’hiver interminable qui s’est abattu sur la région, Matthias et son assistante Esther vont devoir démêler les racines du Mal, entrelacées depuis des décennies et profondément plantées dans les passions, les vices et les secrets de Haut-de-Cœur.
Editeur : Seuil, 352 pages, date sortie : 3 février 2023
Bah dis donc Nadia. Tu donnes sacrément envie de le lire. Merci à toi. 🙏😘
J’aimeAimé par 1 personne
Une très belle découverte pour moi ♥️ J’espère qu’il rencontrera le succès mérité !
J’aimeJ’aime
Tu me donnes aussi envie de le lire! Ne me demande pas pourquoi mais à part l’époque et l’endroit, le résumé et ta chronique me donnent l’impression d’avoir un livre dans le style de « Sur le toit de l’enfer » d’Ilaria Tuti ou « Froid mortel » de Johan Theorin (un écrivain de romans noirs/thrillers psychologiques suédois que j’aime beaucoup) ! Merci pour cette chronique très, très tentante!
J’aimeAimé par 1 personne
Tu sais que c’est toujours avec beaucoup de plaisir que je viens vous tenter. Surtout quand la découverte mérite le détour. J’espère que le succès sera au rendez-vous pour ce roman, il le mérite amplement !
J’aimeAimé par 1 personne