Persona -Maxime Girardeau

Un premier roman qui m’a donné du fil à retordre. J’ai laissé décanter avant de vous livrer mon humble avis.  En le refermant, j’étais perplexe et je me posais la question de savoir si j’avais aimé ou pas ? Les jours ont passé, mon ressenti a évolué et je dirais : on peut l’aimer ET le détester en même temps. J’ai dit la même chose de « Cool Killer » et « American Psycho ».

Un tueur singulier sévit dans Paris. Un homme est retrouvé mutilé, lobotomisé dans un bâtiment désaffecté au coeur d’un hôpital. Franck  Somerset, commissaire à la crime, se lance sur les traces du tueur. D’autres victimes vont suivre. Son enquête va le plonger dans le monde des GAFAM, les géants d’internet tels que Microsoft, Google, Facebook, Amazon… qui nous vendent du rêve et maîtrisent nos vies de A à Z. Un monde déshumanisé et désabusé, régit par l’argent, le pouvoir, le paraître et peuplé d’arrivistes. Un monde abject qui donne froid dans le dos. Un milieu que l’auteur connaît en détail pour y avoir travaillé durant plus de dix ans.

Le terme PERSONA est utilisé dans le marketing, c’est un personnage imaginaire représentant un groupe cible dans le cadre du développement d’un nouveau produit, un portrait robot du consommateur idéal.
Et dans celui de la psychologie, Jung nous dit : la persona est ce que quelqu’un n’est pas en réalité, mais ce que lui même et les autres personnes pensent qu’il est. L’auteur nous questionnera et jouera avec ces notions de masque social tout au long du récit.

J’ai eu beaucoup de mal à entrer dans la première partie. Maxime Girardeau nous plonge dans cet univers 2.0 sans aucun ménagement. Sa plume acérée et piquante nous fait magnifiquement ressentir le cynisme et l’amertume, le ton froid nous fait grincer des dents et nous donne envie de refermer le livre illico tant le malaise ressenti est grand face à ce monde marketing que nous ne voulons pas voir. Chapeau à l’auteur !

Au moment où je frôlais l’abandon, l’enquête est revenue au premier plan pour occuper le devant de la scène et je suis entrée pleinement dans le récit. Le piège s’est refermé, impossible de refermer le roman. Le rythme s’est accéléré et la lecture est devenue très addictive. Mon estomac s’est soulevé plusieurs fois face aux mises en scène sont de plus en plus macabres, toutes les victimes sont en vie mais mutilées, amputées, paralysées et enfermées dans leur corps. Dans le genre cruel, on n’a rien inventé de mieux, c’est pire que la mort.

Maxime Girardeau parvient à nous surprendre avec son premier roman, il a créé un univers qui glace le sang, on oublie les facilités et les quelques grosses ficelles utilisées tant les réflexions et les questionnements sont pertinents. J’émettrai un bémol et un gros regret me concernant, je ne me suis attachée à AUCUN personnage, tous plus antipathiques les uns que les autres. Peut être est-ce un choix de l’auteur ?

Pour public averti, les âmes sensibles passeront leur chemin.

Une chose est certaine, je suivrai l’auteur de près.

Je remercie chaleureusement les éditions Mazarine pour leur confiance.

4ème Couverture

Un homme est retrouvé horriblement mutilé dans un bâtiment désaffecté du centre hospitalier Sainte-Anne à Paris. Pour Franck Somerset, commissaire à la Crim’, c’est le début d’une enquête étrange et singulière.
Étrange, car ce n’est pas une série d’homicides au sens propre du terme à laquelle il se trouve confronté  : toutes les victimes sont encore en vie, mais elles ont été torturées et «  enfermées  » en elles-mêmes.
Singulière, car pour comprendre, Franck Somerset va devoir plonger dans l’univers des nouveaux maîtres du monde – les grands du numérique qui maîtrisent nos vies immatérielles.
C’est au cœur de Paris, dans ces tréfonds et au-delà, que Franck va suivre la piste de ce qui ressemble à une vengeance frénétique, folle et pourtant méthodique, où s’affrontent deux mondes, un nouveau qui se persuade de sa toute puissance et un ancien qui ne veut pas mourir …

Editeur : Fayard-Mazarine, 432 pages, date sortie : 12 février 2020

4 commentaires sur « Persona -Maxime Girardeau »

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