Son premier roman Disparition a été une belle découverte. J’ai émis des réserves sur le troisième Terra Mater (qui a reçu le prix de l’Embouchure 2024). C’est donc avec une grande curiosité que j’ai ouvert L’évangile des ombres.

Nicolas Nutten nous offre un très bon roman qui dépasse la simple intrigue policière. L’auteur marie le thriller avec les silences de l’Histoire. La mécanique est parfaitement huilée et ça fonctionne bien. Il aborde les blessures du franquisme à travers l’affaire des enfants volés, les ramifications, les secrets enfouis et les traumatismes transgénérationnels.

Une vérité historique longtemps occultée

« Ici, tout est fiction, mais tout est vrai. »
Trois époques, trois lignes de vie qui se croisent et s’entrechoquent.
1939, l’Espagne franquiste et ses prisons où naissent des bébés qu’on arrache à leur mère.
1987, dans un village des Pyrénées, le gendarme Paul Sarda a un mystérieux accident de la route en pleine nuit, il perd connaissance durant quelques minutes et sa vie va basculer. Une religieuse disparaît de son couvent. Un journaliste est cambriolé. Un hasard ? Pas vraiment.
2023, à Paris, Raphaël Sarda, commandant de police, reçoit une lettre anonyme : « Votre père savait. » Quatre mots qui dynamitent sa vie. Il revient dans son village d’enfance pour tenter de comprendre et il va découvrir de lourds secrets.

L’intrigue nous balade entre ces différentes temporalités sans jamais perdre le fil. Chaque chapitre ajoute une pièce au puzzle, chaque saut dans le temps épaissit le mystère. On tourne les pages sans s’arrêter parce qu’on veut savoir. Les révélations dévoilées petit à petit, les indices distillés au compte goutte nous maintiennent en haleine.

Le passé continue de hanter le présent

Nicolas Nutten a trouvé un bon équilibre entre la tension du thriller, le mystère de l’enquête, les personnages, les émotions, les révélations historiques et la réflexion profonde sur ce passé d’une violence inouïe. C’est poignant mais sans aucun effet racoleur ni pathos excessif.

Les personnages d’une belle humanité portent l’histoire. Ils sont bien creusés. Profonds, avec leurs contradictions et leurs failles. Troublants avec leurs silences complices et leur culpabilité.

Raphaël, le flic obstiné, le fils désorienté, en colère, en quête de vérité et de réponses. Il a hérité des secrets pesants du passé. En revenant dans son village, il se retrouve confronté aux zones d’ombres de son père, prisonnier des rouages d’un système qu’il a subi. Qui était vraiment ce père qu’il croyait connaître ? Peut-être un héros, peut-être un salaud, peut-être les deux.

Un roman qu’on lit quasi d’une traite et qui, paradoxalement, nous laisse longtemps son empreinte. L’évangile des ombres nous rappelle que les silences parlent autant que les cris, sinon plus. Certaines blessures ne se referment jamais complètement et des familles sont brisées à jamais.

Je referme ces pages et je me pose une question : combien d’histoires comme celle-ci dorment encore dans l’ombre ?

Je remercie chaleureusement les éditions HarperCollins pour leur confiance.

Quatrième de couverture

Ici, tout est fiction, mais tout est vrai.

1987. Paul Sarda est gendarme dans un village des Hautes- Pyrénées, près de la frontière espagnole. Une nuit, il a un accident et perd connaissance durant quelques minutes. Il l’ignore encore, mais sa vie vient de basculer.
Trente-cinq ans plus tard, son fils, Raphaël, commandant de police à Paris, reçoit une lettre anonyme : « VOTRE PÈRE SAVAIT. » Mais savait quoi ? En retournant sur les terres de son enfance, Raphaël va faire resurgir des histoires tragiques que certains auraient aimé garder enfouies.
Nicolas Nutten nous livre une fresque poignante sur la terrifiante affaire des enfants volés sous l’ère franquiste et ses ramifications insoupçonnées.

Editeur : Harper Collins, 455 pages, date de sortie : 17 septembre 2025