
Je découvre enfin David Joy !
Les deux visages du monde est un roman noir et social doublé d’un roman policier où se chevauchent trois histoires.
Toya Gardner, une jeune artiste afro-américaine quitte Atlanta pour passer l’été chez sa grand mère, elle a envie de retrouver ses racines dans cette petite ville des montagnes de Caroline du Nord. Pendant qu’elle termine sa thèse de fin d’études artistiques, elle déterre une partie du passé oublié de l’histoire de l’université, la découverte d’un monument confédéré au coeur de la ville déclenche sa colère. Elle décide de réveiller les consciences à travers une étrange installation artistique et elle s’attaque aussi au monument.
Au même moment, la police arrête un vagabond de passage. En fouillant sa voiture, ils découvrent des cagoules blanches du KKK et un carnet contenant une liste de noms, tous les notables de la région.
La provocation de Toya n’est pas comprise et déchaîne la foudre des suprémacistes blancs. Des émeutes se déclenchent et deux crimes vont secouer la région, faisant monter les tensions de tous les côtés. L’adjoint du shérif est sévèrement passé à tabac.
Une petite ville engluée dans ses troubles raciaux
Les personnages sont poussés dans des situations inconfortables, obligés de regarder la réalité en face sous différents angles. David Joy tend aussi un miroir à ses lecteurs, les forçant à réfléchir à ces questions difficiles qui suscitent un débat intérieur. Il tente d’éclairer les zones d’ombre du passé, les injustices et les non-dits enfouis depuis des générations. Il pose un regard empli d’humanité sur ces communautés du sud des Etats-Unis, abordant la complexité des relations raciales, les inégalités et les héritages du passé. Il explore tout en finesse et avec beaucoup de nuances les deux faces du racisme avec toutes ses ambiguïtés, « les deux visages du monde ». Rien n’est tout noir, rien n’est tout blanc, toutes les nuances de gris s’entremêlent pour le meilleur et pour le pire. Le shérif Coggins, pas raciste dans l’âme, ami de longue date de la grand mère de Toya, défend pourtant le monument confédéré. Face à cette fracture qui fissure de plus en plus la société, l’auteur pose une question essentielle, LA question : la guérison des blessures qui divisent le pays est-elle encore possible ?
Un roman noir vibrant et poignant à certains moments, quelques scènes avec la grand mère sont d’une grande force. Un très beau récit. Et pourtant j’émets quelques réserves. La réflexion, la dénonciation et l’aspect social prennent le dessus sur l’enquête, le rythme inégal laisse la place à certaines longueurs en cours de route. Le côté policier n’occupe pas le devant de la scène, l’auteur faisant passer ses arguments et sa thèse avant tout, au détriment du suspense, soufflant le chaud et le froid avec un ton un peu didactique par moment. Sur la même thématique, j’ai préféré de loin Le sang des innocents de S. A. Cosby (toujours dans mon top 3 de l’année 2024). Le côté brut et viscéral de Cosby, cette force sauvage m’a manqué, je n’ai pas été percutée par David Joy. L’un parle aux TRIPES, l’autre à L’ESPRIT ! Tout ça n’est bien sûr qu’un ressenti émotionnel très personnel.
Je remercie chaleureusement les éditions Sonatine pour leur confiance.
Quatrième de couverture
Après quelques années passées à Atlanta, Toya Gardner, une jeune artiste afro-américaine, revient dans la petite ville des montagnes de Caroline du Nord d’où sa famille est originaire. Déterminée à dénoncer l’histoire esclavagiste de la région, elle ne tarde pas à s’y livrer à quelques actions d’éclat, provoquant de violentes tensions dans la communauté. Au même moment, Ernie, un policier du comté, arrête un mystérieux voyageur qui se révèle être un suprémaciste blanc. Celui-ci a en sa possession un carnet dans lequel figurent les noms de notables de la région. Bien décidé à creuser l’affaire, Ernie se heurte à sa hiérarchie. Quelques semaines plus tard, deux crimes viennent endeuiller la région. Chacun va alors devoir faire face à des secrets enfouis depuis trop longtemps, à des mensonges entretenus parfois depuis plusieurs générations.
Editeur : Sonatine, 432 pages, date sortie : 29 août 2024
Bonjour, Cosby dans le TOP 3 de 2024 ! yes j’approuve ! Quels sont les deux autres livres du TOP 3 ?
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Pour l’instant, il y a VINE STREET de Dominic Nolan. Le 3è, je ne sais pas encore, on verra d’ici la fin de l’année 😉
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j’ai eu la chance de rencontrer David Joy a saint Maur en poche. Il n’était pas avec les auteurs de polar. Il semblait bien seul derrière sa table et ça était luxe de pouvoir échanger avec lui . Heureuse de repartir avec une signature pour « là où les limiers se perdent « , un de mes titres préférés.
cette année au festival America ça sera sans doute plus difficile . Il y aura sans doute foule autour de lui.
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Je te souhaite déjà un très bon festival, profite bien de ces moments sympas !
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Ok, je note tes bémols et je prends aussi le lien de ta chronique pour t’ajouter aux participantes du challenge « a year in America ». 😉 Bon, il faut que je lise David Joy et ne pas trop tarder…
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Merci à toi pour le partage du lien de la chronique. Et sinon, il ne « faut » jamais… écoute tes envies 😉
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J’ai envie de lire son nouveau livre, j’aime cet auteur, même si j’ai apprécié certains de ses romans plus que d’autres. La meilleure façon de résister à la tentation, c’est d’y céder 😉 N’est-ce pas ce que disait Oscar (Wilde) ?
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Je ne vais pas te contredire, rien de tel que suivre ton envie et ton feeling 😉
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Oui, bien dit 😆
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Ça attendra la version poche pour me faire une idée et mettre avec les autres. Merci à toi pour la chronique ma Nadia 🙏 😘 Des bisitous 😘 🥰
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Tu avais lu S.A. Cosby ? Sinon, c’est le moment 😍. Gros bisous 😘
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J’en ai un dans ma pal. Le premier. Des bisitous ma Nadia 😘 🥰
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Le conseil du jour : n’oublie pas de le sortir… Des bises 😘
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C’est un peu comme ça que ça fonctionne. 😊 Des bisitous ma Nadia 😘 🥰
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Un roman qui semble aborder des thématiques intéressantes, des réalités brutes, cela étant je comprends les réserves que tu émets. Je n’ai pas encore lu l’auteur, ni Cosby d’ailleurs (mais il faudrait).😊
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Ah oui oui oui, S.A. Cosby est un indispensable ♥️
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