Pour son dixième roman, Bernard Minier a octroyé des vacances bien méritées à Martin Servaz. Direction l’Espagne où on fait la connaissance d’une nouvelle héroïne, Lucia Guerrero. Elle porte bien son nom, Guerrero signifie guerrière en espagnol. Lucia est une enquêtrice au sein de l’UCO, un service d’élite de la police judiciaire à Madrid, spécialisé dans les enquêtes complexes. Lucia, la rebelle couverte de tatouages, la badass au caractère bien trempé, Lucia qui se débat entre ses failles et sa vie personnelle très compliquée.
L’ouverture choc nous scotche dès les premières pages. Lucia est appelée sur une étrange scène de crime. Trois immenses croix sur une colline en rase campagne au nord de Madrid. Un homme crucifié, collé à la glu sur celle de droite, une vision d’horreur pour Lucia, c’est son ami et coéquipier, le sergent Castillo. Plus que déterminée à trouver le coupable, elle va collaborer avec le professeur Salomon Borges de l’Université de Salamanque. Ce professeur dirige un groupe d’étudiants prodiges, ensemble, ils ont mis au point « Dimas », un logiciel unique qui repère des liens entre des crimes similaires. Ils découvrent un tueur passé sous les radars depuis trente ans. Surnommé « le tueur à la colle », il sème des cadavres de couples, mis en scène avec de la colle dans des postures s’inspirant des tableaux de la Renaissance et des Métamorphoses d’Ovide.
L’enquête, très complexe, va être menée tambour battant par le duo Lucia-Salomon. L’intrigue, construite comme une mécanique de précision, ne laisse rien au hasard, tout y est millimétré. Le lecteur est tenu en haleine par les multiples rebondissements et fausses pistes, captivé par les recherches du duo d’enquêteurs, intrigué par les réflexions du groupe d’étudiants et surtout celles de Salomon. L’accent est mis sur le divertissement, mais en filigranes, l’auteur aborde la thématique de la technologie qui envahit nos vies pour nous asservir.
Les décors sont bien travaillés et occupent une place importante, ils participent à l’ambiance un peu angoissante de l’intrigue. Les références culturelles en arrière plan apportent un petit plus à l’histoire. On prend beaucoup de plaisir à tourner les pages, la plume très visuelle nous immerge dans l’atmosphère des Pyrénées espagnoles et celle bien mystérieuse de Salamanque, au sein de l’université multiséculaire. Les personnages ont une belle complexité qui donne de l’épaisseur au récit. L’enquête n’est pas encore terminée qu’on a déjà envie de retrouver l’attachante Lucia.
J’émettrai un bémol : le rythme est parfait dans la première partie, mais le milieu comporte certaines longueurs (467 pages au total) qui nous dispersent et font baisser la tension, l’intrigue gagnerait beaucoup en intensité à être resserrée. Heureusement, la dernière partie est plus nerveuse et ne nous laisse aucun répit jusqu’au final, quelque peu prévisible, mais dans l’ensemble, je ne boude pas mon plaisir de lecture.
Je remercie chaleureusement les éditions XO pour leur confiance.
Quatrième de couverture
À l’université de Salamanque, un groupe d’étudiants en criminologie découvre l’existence d’un tueur passé sous les radars depuis plusieurs décennies et qui met en scène ses victimes en s’inspirant de tableaux de la Renaissance.
À Madrid, l’enquêtrice Lucia Guerrero trouve son équipier crucifié sur un calvaire et se lance sur les traces de celui que l’on surnomme le » tueur à la colle « .
Tous vont être confrontés à leur propre passé, à leurs terreurs les plus profondes et à une vérité plus abominable que toutes les légendes et tous les mythes.
Une nouvelle héroïne aussi attachante que coriace… sur la piste de crimes inouïs.
Les coulisses inquiétantes d’une des plus vieilles universités d’Europe.
Editeur : XO, 474 pages, date sortie : 31 mars 2022
Un auteur qu’il faut que je poursuive la lecture de ses livres ! je n’ai lu de lui que « Glacé » il y a déjà un moment, je voudrai bien le relire d’ailleurs.
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Il vaut mieux les lire dans l’ordre pour suivre l’évolution de Martin Servaz. Bonne lecture !
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Très emballée au départ par l’originalité du sujet traité avec beaucoup de références intéressantes j’ai été déçue par la tournure finale quand le coupable démasqué explique et démonte point par point les étapes de l’enquête.
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Oui je comprends. Moi, c’est plus les longueurs que je reproche, elles font ronronner l’enquête.
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