En attendant le déluge – Dolores Redondo

Un nouveau roman de Dolores Redondo, c’est toujours un grand évènement pour moi. Je suis l’auteure depuis ses débuts et chaque récit est cher à mon coeur. Cette fois, elle s’est inspirée d’une histoire vraie qu’elle a romancée pour écrire En attendant le déluge. Celle de Bible John, l’un des plus célèbres tueurs en série qui a semé la terreur fin des années 60 en Ecosse avant de disparaitre. Son identité reste encore aujourd’hui un grand mystère.

1968-1969. Plusieurs femmes sont assassinées à Glasgow. Le meurtrier surnommé Bible John ne sera jamais identifié ni arrêté. Quatorze ans plus tard, l’inspecteur Noah Scott Sherrington est toujours sur la piste du tueur. Tous ses collègues ont abandonné depuis longtemps, l’affaire a été classée « non résolue » mais Noah s’acharne inlassablement, persuadé que Bible John est toujours vivant et qu’il continue à tuer. Un soir, alors qu’il fait face au tueur, à deux doigts de l’arrêter, l’inspecteur s’effondre victime d’une crise cardiaque. Une fois remis sur pied, en dépit de son état de santé très préoccupant, contre l’avis des médecins et de sa hiérarchie, il décide de poursuivre sa traque. Son intuition profonde et les indices récoltés le persuade que le tueur s’est réfugié à Bilbao. Noah débarque sur place quelques jours avant la fameuse inondation qui ravage et dévaste complètement la ville. Il s’engage dans une véritable course contre la montre pour mettre la main sur le tueur.

550 pages qu’on dévore

La construction est superbement maîtrisée et intelligemment ficelée. L’enquête sur le tueur en série est passionnante, sa psychologie et ses motivations profondes. Les flash back du passé lèvent peu à peu le voile sur ses traumatismes d’enfance et comment il en est arrivé à détester les femmes, à ressentir une aversion si profonde qu’il est obligé de les tuer. L’intrigue, le suspense et la traque de l’inspecteur Noah se mêle à l’ambiance de Bilbao en 1983 avec l’ETA en pleine effervescence. Dolores Redondo nous immerge complètement dans la ville de l’époque, elle l’a magnifiquement recréée avec les détails du quotidien et les descriptions, la politique plus que chaotique du pays basque et la crise, les problèmes socio-économiques, les fêtes locales, la musique, les us et coutumes…

Dense et intense

On se laisse complètement emporter par le récit et par la belle galerie de personnages. Principaux ou secondaires, tous sont attachants, bien creusés, avec une grande sensibilité et de l’étoffe. Gros attachement à l’inspecteur Noah, le personnage central, un solitaire, obsédé, tenace, à l’écoute de ses intuitions. Bible John, le tueur en série. Le jeune Rafa et sa chienne Euri, Maité la patronne du bar et sa fille Begona, la psychiatre Elizondo, l’ertzaina Mikel qui assiste Noah dans ses recherches… Ils apportent tous une bonne dose d’intimité et d’émotions au récit.

Comme dans tous ses romans, l’auteure prend le temps de dérouler son histoire et de la laisser respirer, c’est un peu sa marque de fabrique. Certains trouveront que ça avance lentement par moment, surtout dans la première partie. Nous ne sommes pas dans un rythme haletant, ni frénétique mais je n’ai ressenti aucune longueur, je suis restée accrochée à ma lecture dès les premières pages. J’ai aimé l’immersion dans cette atmosphère noire si particulière, j’ai aimé ce voyage aux côtés des personnages.

Je l’ai déjà dit dans une précédente chronique et je le répète. Si je devais résumer Dolores Redondo en quatre mots, l’essentiel pour ceux qui ne la connaissent pas. Ses intrigues complexes et tellement bien construites, son don pour nous immerger dans des atmosphères sombres et envoûtantes, sa façon d’explorer l’âme et de creuser les failles de ses personnages et sa magnifique plume.

Une fois de plus l’incontestable talent de Dolores Redondo fait merveille. Elle apporte toujours un « petit plus » à ses romans, un supplément d’âme qui fait toute la différence.

Je remercie chaleureusement les éditions Gallimard pour leur confiance.

Quatrième de couverture

À l’origine de ce roman époustouflant, des faits réels : entre 1968 et 1969, celui que la presse écossaise a surnommé Bible John tua trois jeunes femmes rencontrées dans une discothèque de Glasgow et disparut. En 1983, Noah Scott Sherrington, policier obsédé par Bible John depuis près de quinze ans, s’apprête à l’arrêter sous une pluie torrentielle quand il est foudroyé par une crise cardiaque. À peine remis, écoutant son intuition et résistant aux injonctions des médecins et de sa hiérarchie, il suit la piste du meurtrier jusqu’à Bilbao, port où s’active secrètement l’ETA. Alors que les fêtes patronales de l’Aste Nagusia battent leur plein, des jeunes femmes sont assassinées à la sortie de discothèques… Noah, enquêteur tenace et doté d’un coeur fragile, au sens propre comme au figuré, a-t-il enfin retrouvé sa cible ? Les terribles inondations qui vont bientôt ravager la ville feront-elles obstacle à son projet ?

Editeur : Gallimard, 560 pages, date sortie : 15 août 2024

20 commentaires sur « En attendant le déluge – Dolores Redondo »

      1. Mais ma Nadia, tu n’as pas à battre ta coulpe. Il n’y a que ceux qui ne font rien qui ne se trompent pas. 🤗 Merci à toi pour la précision. Des bisitous 😘 🥰

        Aimé par 1 personne

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