Norferville – Franck Thilliez

Alleluia, le soleil tant attendu brille dans le ciel bleu et la douceur s’est installée chez moi depuis quelques jours. Et pourtant, je viens d’enfiler mes bottes fourrées, mon gros anorak, mon bonnet et mes gants…. Rassurez-vous, tout va bien ! Je replonge dans mes émotions lecture pour vous parler de Norferville et je suis glacée jusqu’aux os.

Pour son 24è roman, Franck Thilliez a laissé sa série Sharko-Hennebelle de côté pour nous offrir un roman indépendant. Il nous emmène en voyage à l’autre bout du monde, dans le grand nord canadien à Norferville (une ville imaginée par l’auteur). Une petite cité minière complètement isolée, à 700km de la ville la plus proche, il faut treize heures de train pour y arriver.

Dépaysement garanti

Morgane, une jeune française de vingt huit ans, vient d’être découverte assassinée. Son corps entièrement mutilé a été abandonné dans la neige tout près d’une réserve autochtone. La scène de crime laisse penser qu’une bête sauvage s’est acharnée sur elle. Léonie, une enquêtrice métisse est chargée de l’affaire. Teddy, criminologue et détective à Lyon, débarque sur place, bien décidé à se mêler de l’enquête pour comprendre ce qui est arrivé à sa fille.

Léonie, métisse blanche et Innue, connaît bien Norferville, elle y a vécu jusqu’à ses seize ans. Victime d’un terrible traumatisme, elle a quitté la ville brutalement et travaille aujourd’hui à la Sûreté du Québec. Revenir dans ces lieux maudits vingt ans plus tard réveille ses souvenirs douloureux et ses fantômes qui ne sont pas loin. Ted est lui aussi profondément blessé, sa fille ne lui adressait plus la parole depuis quelques années. Tous deux sont abimés la vie, mais habités d’une incroyable force intérieure, une rage qui les pousse vers l’avant. Deux magnifiques personnages !

Un huis-clos à ciel ouvert

Le blanc partout à perte de vue, à s’en brûler les yeux. Les conditions de vie sont dures très dures à Norferville, les protagonistes sont pris au piège des éléments hostiles et doivent affronter le froid glacial, le blizzard, les chutes de neige, les routes verglacées et les températures extrêmes qui peuvent descendre à moins cinquante degrés. La nature inhospitalière tient une place importante dans l’intrigue, jusqu’à devenir un personnage à part entière. Un magnifique polar d’ambiance. Glaçant, on sent le froid s’insinuer en nous à chaque page qu’on tourne. Frissons garantis à tous les étages !

Une enquête passionnante et riche en suspense. Toute en tension, mais pas que…. L’auteur aborde des thématiques sociales assez méconnues du grand public. La guerre entre les autochtones Innus, parqués dans des réserves, et les blancs, l’animosité qui règne entre les deux communautés. L’exploitation de leur territoire à des fins commerciales et toutes les dérives qui en découlent, alcoolisme, addictions, trafics… L’accent est mis sur le triste sort réservé aux femmes autochtones, leur exploitation sexuelle et toutes les violences qu’elles subissent au quotidien. Loin d’être une toile de fond, elles sont au coeur de cette intrigue, tout tourne autour d’elles. L’enquête pour élucider le meurtre de la jeune Morgane et les nombreuses disparitions de femmes. Tout le monde a longtemps fermé les yeux mais le phénomène a pris tant d’ampleur qu’aujourd’hui le gouvernement canadien est entrain de les ouvrir timidement.

Norferville est un divertissement très haut de gamme. Ambiance, intrigue profonde, personnages, thématiques abordées… fond et forme tout est parfait, sans aucune fausse note. Une fois plongé dans cette aventure, vous ne pourrez pas la lâcher tant l’immersion est totale. Aucun doute là-dessus, Franck Thilliez reste le maestro qui continue à surprendre ses lecteurs, loin de ronronner comme certains grands noms !

Je remercie chaleureusement les éditions Fleuve pour leur confiance.

Quatrième de couverture

Dans l’univers hostile du Grand Nord, personne ne vous entend crier.
Détective et criminologue à Lyon, Teddy Schaffran apprend que le corps de sa fille a été découvert dans une ville minière très isolée du Grand Nord québécois, Norferville. Morgane a été sauvagement mutilée, abandonnée dans la neige non loin d’une réserve autochtone. Sans réfléchir, Teddy plaque tout pour se rendre sur place, bien décidé à comprendre ce qui s’est passé.
Là-bas, Léonie Rock, une flic métisse, est mise sur l’affaire. Elle est alors contrainte de renouer avec cet endroit coupé de tout où elle est née et où, adolescente, trois inconnus l’ont violée. Un retour vers son enfer, alors que les températures frôlent les -20°C.
Ensemble, ces deux êtres éprouvés par la vie vont se démener pour trouver des réponses malgré l’inhospitalité de la nature et des hommes.

Editeur : Fleuve, 456 pages, date de sortie : 2 mai 2024

15 commentaires sur « Norferville – Franck Thilliez »

      1. Disons que la thématique, je l’avais découverte avec le dernier livre d’Estelle Tharreau, donc je suis contente que le sujet touche aussi nos auteurs, bien sûr. Mais j’ai trouvé ce roman plus froid, plus clinique, et il m’a un peu manquer l’attachement aux personnages, même si je reste toujours une grande fan de l’auteur. Ça me fait mal de le dire, en plus 🙈. Je ne sais pas à quoi ça tient, peut-être parce que j’ai vraiment eu un gros coup de cœur pour la faille l’an dernier !

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      2. Sans doute une question de sensibilité… c’est parfois difficile de l’expliquer car cela tient à des petits détails, un ressenti, une ouverture ou une rencontre qui ne se fait pas, une lecture qu’on vient de terminer, un moment… Et tout ça n’est pas bien grave…😉

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