Brûlante découverte !

Je ne connaissais pas du tout Vincent Delareux, n’ayant pas lu son premier roman « Le Cas Victor Sommer ». Titillée par la quatrième de couverture, j’ai ouvert « Les pyromanes » sans aucune attente. Immédiatement happée par la lecture du prologue et surprise par la qualité de la plume, je me suis laissée embarquer. Un peu déstabilisée au début, ne sachant pas trop où l’auteur allait m’emmener, cette histoire s’est vite refermée sur moi comme un piège. Je l’ai dévorée suspendue hors du temps, un peu envoûtée, le souffle court.

Etrange, curieux,
original, décalé,
noir et cruel,
oppressant, glaçant
dérangeant, déstabilisant.

Ces quelques mots évoquent bien ce récit particulier et très à part. Une tragédie familiale de la folie ordinaire. Un pur roman noir psychologique.

Nous sommes au coeur d’un petit village normand, dans les années cinquante. Thérèse Sommer dicte sa loi, cette ignoble femme méprise tout le monde, son mari qu’elle trompe, ses amants et sa mère. Quand elle tombe enceinte, sa fille n’est pas désirée, elle sera une rivale pour elle. La gamine va grandir dans d’horribles conditions sous la tyrannie de sa mère. C’est le tout début du roman, je vous laisse découvrir la suite… attendez-vous à être drôlement secoués.

Excellents personnages !

Les personnages sont bien développés, ils portent toute l’histoire sur leurs épaules, une sacrée histoire ! On pénètre dans leur intimité, au plus près de leurs émotions. On est happé et mal à l’aise face à leur noirceur et leur « folie ». On s’attache à eux autant qu’on les déteste. Une grande tension se dégage de cette intensité émotionnelle.

Ambiance d’époque

L’atmosphère « France profonde » de ce village est magnifiquement restituée avec une foule de petits détails. Tous les habitants se connaissent et sont curieux, ça parle dans les chaumières, ça juge, ça critique, mais dehors, le silence règne, on se tait et on laisse faire par lâcheté. Les secrets et les histoires du passé restent enfouis profondément, faudrait surtout pas créer de vagues.

Grande profondeur

Vincent Delareux fait preuve d’une étonnante maturité, de finesse et d’intelligence, il pose des questions essentielles sur la famille, la relation mère-fille et les héritages qui se perpétuent à travers les générations. Comment est-on influencé ? Reproduit-on des schémas à l’infini ? Est-on victime face à la violence ? Quels sont nos choix ? Il faut beaucoup d’audace pour s’aventurer dans cette voie mais le pari est réussi.

Le roman est porté par une plume agréable, travaillée, soignée avec un style affirmé, un brin désuet, en phase avec l’ambiance.

Un coup de maître pour un si jeune auteur.
Une noirceur ravageuse, j’en redemande !

Je remercie chaleureusement les éditions l’Archipel pour leur confiance.

Quatrième de couverture

Dans un village reculé de Normandie, Thérèse Sommer attise les passions et dicte sa loi : à son mari qu’elle trompe, à sa mère qu’elle méprise, à ses amants qu’elle consume.
Libre et indépendante, maîtresse de son petit monde, on ne lui connaît pas de rivale. Jusqu’à la naissance de sa fille.
Enfant non désirée, Françoise grandit entre haine et maltraitance. Nuit et jour, elle implore le Ciel et les saints de la libérer de la tyrannie de sa mère. L’une d’elles est de trop.
Françoise doit faire un choix : cultiver la flamme d’un cierge pour son salut ou allumer le brasier de la colère ?
La vertu peut-elle naître du vice ?
Peut-on haïr sans se brûler ?
Aimer sans s’embraser ?

Editeur : l’Archipel, 464 pages, date de sortie : 24 août 2023