La vallée – Bernard Minier

Un très grand cru !

Quel plaisir de retrouver Martin Servaz dans sa sixième enquête. Après la grosse déception de Nuit, j’avais hâte de me réconcilier -ou pas- avec lui. Bernard Minier est en très grande forme, j’ai retrouvé les mêmes émotions que dans le premier épisode « Glacé ».

Et pour ceux qui se posent la question, vous pouvez lire cet opus sans avoir lu la série… même si je vous conseille fortement de la lire depuis le début.

Aiguesvives, un petit village au milieu des Pyrénées, Martin Servaz s’y retrouve après un appel reçu au milieu de la nuit, un fantôme, une voix du passé, Marianne l’appelle au secours. Peu après son arrivée, un pan de montagne s’est effondré sur la route et toute la vallée se retrouve totalement coupée du monde pour quelques jours ou plusieurs semaines. Les habitants sont confinés avec un (ou deux) tueur en série qui rôde et agit comme s’il se prenait pour Dieu. Il se passe des choses horribles, des meurtres rituels se succèdent, les scènes de crime sont d’une incroyable cruauté et d’une rare perversité. La paranoïa gagne du terrain, les villageois sont terrifiés, les esprits s’échauffent, la tension monte, la colère explose contre les autorités. La maire, Isabelle Torrès, une femme forte, essaie de calmer le chaos. On retrouve la gendarme Irène Ziegler (rencontrée dans Glacé) à la tête de l’enquête, Martin Servaz va lui prêter main forte, même si officiellement il est sur la touche, attendant son passage en conseil de discipline.

Si vous espérez prendre un grand bol d’oxygène des montagnes, c’est fichu ! Dès les premiers chapitres, vous serez immergé à fond et pris au piège dans ce huis clos étouffant et hautement anxiogène. Impossible d’en sortir avant la fin, toutes les issues sont condamnées.

Pour vous remettre de vos émotions, vous aurez peut être envie de trouver refuge dans le silence de l’Abbaye que vous apercevez au loin, des moines y vivent reclus et chuchotent à voix basse, parlent-ils des mystères qui planent sur le lieu. Ou vous chercherez à y voir clair en vous offrant une séance chez Gabriella Dragoman, psychanalyste et pédopsychiatre. Une redoutable manipulatrice qui vous glace le sang en quelques minutes.

Honneur aux femmes dans cet opus, avec trois magnifiques portraits féminins, de sacrés caractères, des femmes qui osent, qui assument au quotidien et laissent une place aux émotions, fortes et fragiles en même temps.

Bernard Minier est un fabuleux conteur, sa plume est enlevée et très visuelle. Il a le don de créer des atmosphères d’une belle épaisseur. Il a le sens du rythme et du tempo, les pages se tournent à un rythme fou et se dévorent sans aucun moment de répit, j’en oublie même de respirer. L’intrigue est complexe, machiavélique à souhait et joue méchamment avec nos nerfs jusqu’à l’époustouflant final.

Et l’air de rien, au delà du fabuleux divertissement, il nous questionne sur notre société tout en nous donnant du grain à moudre. En toile de fond, le peuple qui a perdu confiance dans les politiques et qui se révolte, (l’écriture du roman s’est déroulée durant les manifestations des gilets jaunes et cela se sent), les réseaux sociaux qui ont pris le pouvoir sur nos vies, des réflexions philosophiques sur le Bien et le Mal à travers de beaux échanges entre la psychanalyste Dragoman et un moine.

Accrochez vous bien, la montagne est fort dangereuse !

Je remercie chaleureusement les éditions XO pour leur confiance.

4ème Couverture

Un appel au secours au milieu de la nuit
Une vallée coupée du monde
Une abbaye pleine de secrets
Une forêt mystérieuse
Une série de meurtres épouvantables
Une population terrifiée qui veut se faire justice
Un corbeau qui accuse
Une communauté au bord du chaos
Une nouvelle enquête de Martin Servaz

Editeur : XO, 522 pages, date sortie 20 mai 2020

4 commentaires sur « La vallée – Bernard Minier »

  1. Je suis en plein dedans, happée par cette histoire dont je ne vois pas encore le dénouement au 2/3 de ma lecture. Je regrette un peu de ne pas avoir lu les précédents.
    J’aime beaucoup le caractère fort des personnages avec leur part d’ombre et de lumière.

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