Mon territoire – Tess Sharpe

COUP DE COEUR !!!

J’ai ADORE ce magnifique roman noir, un choc de lecture à couper le souffle, un récit bouleversant écrit à la première personne, un drame familial sous haute tension qui m’a remué les tripes de la première à la dernière ligne.

« La première fois que je vois Papa tuer un homme, j’ai huit ans. »
C’est sur cette phrase que s’ouvre le roman de Tess Sharpe.  Ces mots sont prononcés par Harley McKenna, l’héroïne de l’histoire. Harley est la fille unique de Duke, veuf et baron de la drogue dans le nord de la Californie. Un homme brutal et froid que tout le monde craint. A huit ans, elle voit sa mère mourir dans une explosion. Elle sera élevée à la dure par son père qui l’aime plus que tout. Aujourd’hui, Harley a vingt trois ans et elle s’apprête à reprendre l’empire McKenna.

Le récit est magnifiquement construit sur deux temporalités, les va et vient entre présent et passé donnent un rythme parfait et rendent la lecture addictive et très difficile à lâcher.

Les flash-back nous racontent l’enfance d’Harley, comment elle s’est construite dans ce monde d’hommes. Ses relations complexes haine-amour avec son père. Un homme brutal qui tue sans état d’âme. Il entraîne sa fille à devenir une tueuse, une guerrière prête à prendre la succession de son empire. Chaque chapitre flash-back s’ouvre sur une phrase qui claque. « J’ai dix sept ans la première fois que je me débarrasse d’un corps. » … « J’ai douze ans le jour où je pointe un revolver sur quelqu’un pour la première fois. » … « J’ai seize ans la première fois que j’apprends à quoi ressemble quelqu’un qui n’a peur de rien. »

Au présent, deux histoires se chevauchent. Harley, la guerrière, la dure ‘côté yang’ bossant pour son père, se préparant à reprendre l’empire familial, évoluant dans le monde de la drogue, un monde de bruts machos. Et Harley la tendre pleine de compassion, ‘côté yin’. A seize ans, elle hérite du Ruby, un foyer pour femmes en détresse créé par sa mère et géré par Mo, une seconde mère pour elle. Ensemble, elles protègent des femmes victimes de violence conjugale, des femmes et des enfants dans le besoin.

On navigue entre tension et émotions, noirceur et espoir, loyauté au clan et trahison. On est scotché, complètement hypnotisé par l’atmosphère envoûtante et la profondeur qui se dégage du récit, l’intensité palpable à chaque page et la puissance mêlée d’une sensibilité toute féminine. La violence est omniprésente mais elle n’est jamais gratuite.

Harley porte tout le roman sur ses épaules, un personnage comme on en voit peu, une héroïne charismatique inoubliable, d’une force incroyable. Elle est complexe, fascinante, émouvante. Un mélange de douceur, de tendresse, de dureté, d’intelligence, de finesse qui contraste avec la brutalité du monde d’hommes qui l’entoure au quotidien.

Tess Sharpe a un grand talent de conteuse, sa plume est fort belle, ses mots nous touchent et font jaillir énormément d’émotions.

Je n’aime pas faire des comparaisons, mais en refermant Mon territoire, je ne peux m’empêcher d’évoquer la puissance, l’intelligence, la densité, la noirceur teintée de poésie des romans de R.J. Ellory.

Bref, vous l’aurez compris… Mon territoire est une pépite, un roman magistral à découvrir absolument.

Tess Sharpe, une auteure à suivre de très près, j’espère que l’histoire d’Harley fera beaucoup de bruit.
C’est son premier roman adulte, il y a quelques années elle a publié un roman young adult fort remarqué par les critiques « Si loin de toi ».

Je remercie chaleureusement les éditions Sonatine pour leur confiance.

4ème Couverture

À 8 ans, Harley McKenna a assisté à la mort violente de sa mère. Au même âge, elle a vu son père, Duke, tuer un homme. Rien de très étonnant de la part de ce baron de la drogue, connu dans tout le nord de la Californie pour sa brutalité, qui élève sa fille pour qu’elle lui succède. Mais le jour où Harley est en passe de reprendre les rênes de l’empire familial, elle décide de faire les choses à sa manière, même si cela signifie quitter le chemin tracé par son père.

Depuis Winter’s Bone, on n’avait pas croisé d’héroïne aussi fascinante, émouvante, inoubliable qu’Harley McKenna. Ce roman magnifique signe la naissance d’une auteure au talent fou.

Editeur : Sonatine, 566 pages, date sortie: 29 août 2019

7 commentaires sur « Mon territoire – Tess Sharpe »

  1. Bonjour, j’ai découvert ton blog en faisant de la recherche sur Rene Denfeld et Tess Sharpe, je termine « Chercher l’enfant » que j’ai beaucoup aimé et le suivant est « Mon territoire » de Tess Sharpe. J’ai l’impression que nous partageons la même passion pour ce style de littérature (Woodrell, Ron Rash, William Gay, Larry Brown, David Vann, etc) et j’ai beaucoup apprécié ta chronique qui me donne encore plus envie de commencer « Mon territoire » dès demain !

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    1. Bonjour, mes goûts en littérature noire sont très étendus, j’aime énormément de genres, cela va du roman noir en passant par le polar, le thriller. Je suis tombée dans la marmite du NOIR très jeune et mon addiction est incurable ! Bonne lecture avec « Mon territoire ».

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      1. J’ai malheureusement arrêté ma lecture, ce qui est très rare ! J’étais étonnée n’avait pas aimé. Je pense que j’en attendais trop à cause de toutes les chroniques positives que j’ai lues, la publicité qui comparait ce livre à « Winter’s bone » de Daniel Woodrell ou à « My absolute darling » de Gabriel Tallent, deux livres que j’ai dévoré. Mais heureusement que nous ne partageons pas toujours les mêmes goûts !

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      2. Les sensibilités, ça tient parfois à un fil et heureusement que nous ne partageons pas toujours les mêmes goûts. Personnellement, j’ai pensé à Ellory en lisant ce livre et j’ai beaucoup aimé le personnage principal.

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